Colloque «Reconstruire Haïti» - Jean-Max Bellerive craint que l'aide humanitaire ne devienne une habitude


Colloque «Reconstruire Haïti» - Jean-Max Bellerive craint que l'aide humanitaire ne devienne une habitude

Le premier ministre haïtien demande l'aide de sa diaspora

Gwenaelle Reyt 6 mars 2010 Actualités internationales



Photo : Jacques Grenier - Le Devoir

Jean-Max Bellerive a rencontré son homologue québécois, Jean Charest. Bellerive n’a pas hésité à souligner la relation privilégiée qu’entretient son pays avec le Québec.

Au deuxième jour du colloque Reconstruire Haïti qui se tient à l'École polytechnique de Montréal, le premier ministre haïtien, Jean-Max Bellerive, a fait une apparition très attendue où il a énoncé les défis humanitaires, mais aussi de développement et de coordination auxquels Haïti devra faire face.

Bien qu'il faille encore répondre aux besoins fondamentaux de nourriture et d'abris, Jean-Max Bellerive s'est inquiété du fait que la situation d'aide humanitaire se prolonge. «Les gens ne doivent pas s'habituer à attendre le camion qui distribue des vivres pour subvenir à leurs besoins. Actuellement, 90 % de la population est au chômage et je crains qu'elle s'installe dans une situation qui tue l'envie de travailler», a prévenu Jean-Max Bellerive, qui a rappelé que les problèmes du pays ne datent pas du 12 janvier.

C'est le cas par exemple du système d'éducation, qui était déjà largement défaillant avant le séisme et qui devra être totalement revu et reconstruit afin de permettre la scolarisation de l'ensemble des jeunes. Environ 200 000 enfants se sont retrouvés sans école après le tremblement de terre, alors qu'avant, près de 500 000 n'avaient déjà pas accès à l'école. Pour le premier ministre, il est donc important de tirer des leçons du passé pour créer quelque chose de nouveau qui soit réellement adapté aux Haïtiens. «Je ne crois pas aux plans de reconstruction américain ou canadien. Il nous faut un plan fait par et pour des Haïtiens et évalué par des Haïtiens. C'est une question d'efficacité afin de répondre aux réels besoins», assure le premier ministre.

Plus tôt dans la journée, Jean-Max Bellerive a rencontré son homologue québécois, Jean Charest. «C'est une visite amicale. Nous avons discuté de la situation parfois difficile des étudiants haïtiens au Québec, ainsi que des occasions à saisir pour les entreprises lors de la reconstruction», explique le premier ministre haïtien, qui n'a pas hésité à souligner la relation privilégiée qu'entretient son pays avec le Québec. Pour lui, les partenaires qui ont montré leur soutien à Haïti doivent aussi profiter des occasions offertes par la reconstruction. «Les entreprises québécoises doivent prendre leur part du gâteau, car l'aide humanitaire ne dure pas, mais les intérêts, oui», confie-t-il. Le Québec aurait, d'après lui, un rôle à jouer, par exemple dans la construction de logements et d'entreprises.

Mais c'est surtout auprès de la diaspora que le premier ministre haïtien est venu chercher un appui, tout en précisant qu'il n'était pas là pour faire campagne et que les divergences devaient êtres mises de côté. «Nous n'étions pas préparés à cela. Le gouvernement est englué dans l'urgence. Je veux juste remplir au mieux mon mandat avec votre aide, celle de l'opposition et de l'ensemble de la population», concède-t-il. Il a proposé que la diaspora s'intègre dans les différentes structures de coopération qui seront actives dans le pays, car ce sont ces organismes qui géreront Haïti ces prochaines années.

Le colloque a été l'occasion pour beaucoup d'exprimer leur volonté de s'investir et de présenter des projets d'aide. Les réflexions élaborées lors de cet événement serviront à établir un plan de reconstruction qui sera présenté le 31 mars prochain à New York lors de la conférence des donateurs.

LE DEVOIR 6 mars 2010
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