DES PRÉSIDENTIELLES COMPARÉES EN FRANCE

 Par Merès Weche
Merès Weche
             
Les premières présidentielles du 3e millénaire en France, qui se soldèrent, en 2002, par la réélection de Jacques Chirac, après un septennat marqué par la réduction du mandat présidentiel à cinq ans, prenaient l’allure d’un marathon où les meilleurs sprinters avaient du mal à atteindre la ligne d’arrivée. Signe des temps ou politique à contretemps, la cuisante défaite de Lionel Jospin et la montée fulgurante de Jean-Marie Le Pen, avaient l’allure d’une crise à double visage où la droite et l’extrême droite menaient la danse, pendant que la gauche – toutes configurations confondues – mordait la poussière.  Une situation qui fut jugée innommable par  certains et apocalyptique par d’autres. Robert Hue du Parti communiste, qui demandait aux Français de «voter utile», et qui déclarait péremptoirement que l’élection d’un Le Pen est «une régression pour La France», n’avait pas dépassé la barre de 3,5%.  

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Aujourd’hui, en 2017, après trois quinquennats, assurés respectivement par un Chirac réélu (2002-2007), Nicolas Sarkozy (2007-2012) et François Hollande (2012-2017) , les  Français se trouvent coincés dans un   dangereux angle mort entre Emmanuel Macron  du centre et Marine Le Pen de l’extrême droite; les deux se disputant au deuxième tour le fauteuil de l’Élysée. Notons que le centre, teinté de libéralisme, n’était parvenu au pouvoir qu’avec Giscard d’Estaing en 1974.

Au cours des Primaires, on avait vu s’accentuer les clivages droite-gauche, et tandis que le centre se désarçonnait, l’extrême droite s’affirmait comme une heureuse alternative, dans une France qui se cherche désespérément à l’heure des impératifs de la sécurité nationale. Même si les sondages donnent Emmanuel Macron gagnant, la France restera foncièrement divisée, compte tenu du score non négligeable qu’aura obtenu Marine Lepen, sans infirmer le haut taux d’abstention à ces joutes électorales. Tout compte fait, aucun des deux challengers n’a la faveur de la majorité de la population française. La tendance au rejet des candidats issus des Primaires montrait déjà la configuration du paysage électoral global. Dès le premier tour, Emmanuel  Fillion, malgré le soutien de certains secteurs politiques et financiers, ne pouvait pas s’estimer confortable dans la course, même si pour bon nombre de citoyens François, Marine Lepen ne prendra pas les rennes de l’Élysée à la suite de François Hollande.  
Le fait pour nous de rapprocher les présidentielles de 2017 à celles de 2002 repose sur deux constats : d’une part,  du père à la fille, les Le Pen, reconnus comme deux xénophobes, se retranchent derrière les valeurs nationalistes pour s’assurer des suffrages, et  d’autre part,  il se constate une étrange similitude entre les taux de participation des votants : 28, 29% en 2002 et sensiblement 28% et plus en 2017.
«… Si c’est Macron qui l’emporte, déclare Patrick Aulnas,  professeur agrégé d’économie-gestion, il devra désigner des candidats aux législatives sous l’étiquette En Marche. Il y aura des ralliements socialistes et centristes, mais cela ne suffira pas pour obtenir une majorité à l’Assemblée nationale… L’hypothèse d’une Marine Lepen  conduirait, selon lui, à un gouvernement de coalition (Un certain nombre d’électeurs de Filion se porteront sur elle au second tour pour manifester leur mécontentement)».  Quant à la possible coalition, tous les analystes disent qu’il est impossible de préciser avec qui. Attendons voir.  

Mérès Weche
     


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