dimanche 13 novembre 2022

La « classe des petits-bourgeois », comme toujours, ne veut rien à voir avec les « nèg bosal »

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 Par Eric Duvivier Masson

Nous allons tout d’abord, vous conter une histoire :

« Dans la nuit du 6 au 7 novembre 1917, en Russie, les bolchéviques s’emparent des principaux centres de décision de la capitale russe, Petrograd (anciennement Saint-Petersbourg). Les partisans de Lénine assiègent le Palais d’Hiver où siègent les ministres du gouvernement provisoire. Ces derniers n’ont pour les défendre que 1300 soldats, cosaques et élèves-officiers, y compris une unité de volontaires féminines.

Après quelques velléités de résistance, les élèves-officiers et les soldates se rendent. Les bolchéviques fêtent leur victoire au Palais d’Hiver. Peu après minuit, le gouvernement provisoire signe l’acte de capitulation. »

Qui étaient les bolchéviques ? « Les bolcheviks étaient un groupe ou politique russe qui avait affronté, au début du XXe siècle et dans le cadre de la Révolution russe, la monarchie dominante, parvenant à l’arrivée au pouvoir de la Révolution d’Octobre 1917 du 6 au 7 novembre et à la dissolution de l’autocratie. Ce parti [dirigé par Vladimir Lénine] était composé principalement de paysans et d’ouvriers qui, à la suite d’une longue période de crise économique et de problèmes sociaux, ont commencé à mener des grèves et des manifestations pour affronter l’empire tsariste de Russie, gouverné par Nicolas II de la dynastie des Romanov. »

 En revanche nous avions « les Mencheviks : dirigés par Yuli Martov [composés en majorité de citadins] qui proposait une lutte pacifique et voulait mener la révolution avec la bourgeoisie… cherchant à mettre en œuvre les idées capitalistes de développement économique et de modernisation» Qu’ont-ils fait, ces Mencheviks, ces petits-bourgeois, peu après la victoire des révolutionnaires bolchéviques ? ils ont monté des groupes armés (des armées blanches) pour contrecarrer les projets de développement des Bolcheviques et initier ainsi une guerre civile en Russie, en alliance avec des puissances étrangères. Mélancoliques voire nostalgiques étaient-ils, du fait qu’ils avaient perdu  leurs privilèges  et leur bien-être sous l’autocratie et la monarchie !

Dans une certaine mesure, l’Histoire se répète que ce soit en Russie ou ailleurs.

Ce qui se passe en Haïti rappelle singulièrement cette lutte de classe évoquée plus haut. Les petits-bourgeois haïtiens ne veulent point donner un certain crédit à des individus comme Emmanuel Dread Wilme, Jimmiy Chérizier, Titid, et même Charlemagne Péralte les voyant de préférence comme des chefs de gangs, des bandits, des chefs de l’armée rouge, des Cacos,  des « nèg bosal » ou bien des « porte-flingue et … acolytes dépenaillés., [Source : le Nouvelliste ] ou bien considérant leurs rêves de changement comme des « fantaisies ». On avait dit de même pour la révolution d’Octobre 1917, en Russie, selon l'histoire.

Le bandit présumé Dread Wilmé 
qui terrorisait,
selon l'ONU, la population

Certains intellectuels haïtiens veulent toujours faire accroire, par le biais de leurs écrits--et maintenant leurs vidéos--, aux 60-70% d’"analphabètes" du pays, qu’eux-mêmes les intellectuels sont des omniscients -- des écrits ou vidéos qui pourtant, souvent,  ne disent rien ou sont loin de la vérité ou réalité. Ces textes étant tout simplement de pures dissertations ou des exercices de style, le plus souvent en français pour la vitrine, pouvant leur offrir un tremplin présidentiel ou ministériel.

 "Car, qui veut la paix travaille pour la   paix !"

Car, ils font partie, ces intellectuels,  en vérité, des classes bourgeoise et petite-bourgeoise arriviste qui, comme les Mencheviks mentionnés plus haut, ne veulent pas d’alliance avec les classes ouvrières et paysannes, les dénigrant de préférence en les traitant de « moun sòt ».  

Clément et Harry Barbot, 2 "rebelles"
contre le r
égime de Duvalier Papa Doc

C’est navrant d’écrire que, quand s’il s’agissait des jeunes rebelles ou guérilleros capturés, tués ou emprisonnés par les sbires et les exécutants de Papa Doc dans les Irois (Grand’Anse) ou à Boutilier, ce genre d’intellectuels les avait encensés, et cela à juste titre, du fait des rêves grandioses (et à la mode) que ces guérilleros nourrissaient pour les masses tyrannisées et appauvries par le duvaliérisme rétrograde d’alors. Ils les valorisaient en effet aux yeux de leur secteur social, parce que ces derniers (militants armés) faisaient partie d’un rang social élevé. 

 Encore une fois une question de classe ! Dont se sert justement l’international avec ses mécanismes de désinformation, mésinformation ou de lavage de cerveau aux fins de diviser davantage pour régner ! 

Adrien Sansaricq de la lignée d'une famille
riche j
érémienne, rebelle contre Duvalier 

La classe des petits-bourgeois ou prétendues classes moyennes devra choisir et se débarrasser de ses préjugés de classe, source de toutes sortes de comportements viciés : ou bien ces gens veulent une  Haïti  calme, propice à un développement durable, ou bien un pays déchiré par les affres de récriminations et revendications sans fin. Car, qui veut la paix travaille pour la paix ! Ou leur paix à eux sera toujours troublée.

Eric Duvivier Masson

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dimanche 18 septembre 2022

“Vivre libre ou… mourir comme des mouches”

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Par Jean Rico Louis. 
Sept 17/2022.

Peuple haïtien , vous n’avez que deux choix : vivre libre comme tout autre humain dans le monde ou mourir comme des mouches. 

Protégez vous et défendez vous par tous les moyens contre vos oppresseurs!
La vie est un dépôt sacré!
Un autobus bloquant un axe routier au cours d'une manif (Demas 75)


Si les rats sont encore dans le bateau, c’est tout simplement parce qu’il n’y a pas vraiment sur le terrain un vrai leader pour guider le peuple et transformer son mouvement de protestation en rébellion et , un peu plus tard, en insurrection et peut être en révolution. 


Tous les politiciens haïtiens depuis la chute du régime des Duvalier ne sont que de vulgaires opportunistes. Voilà pourquoi personne ne peut prendre personne au sérieux tandis que la communauté internationale s’amuse allègrement avec l’avenir de tout un peuple. 

Dans tous les pays du monde, excepté Haïti, les citoyens ont des droits et des devoirs tout comme leur gouvernement. Et c’est la responsabilité de tout gouvernement établi de veiller à ce qu’un minimum de bien-être soit garanti à la population. Le droit de se nourrir, d’être en sécurité et d’avoir une vie normale, sont les responsabilités du gouvernement ou ses obligations envers Les citoyens.

 Mais quand un gouvernement a échoué lamentablement de garantir ces droits, la communauté internationale a pour obligation de forcer ce gouvernement à quitter le pouvoir ou  démissionner pour empêcher tout recours à la force brutale et l’assassinat des citoyens. La  tendance de tout gouvernement impopulaire ou incompétent , c'est de recourir à la force pour se maintenir au pouvoir.  

Les droits de l’homme ne peuvent être à géométrie variable. Ce qui est bon pour d’autres pays du monde devrait l’être pour Haïti. Aujourd’hui…le peuple haïtien crève de faim. Il vit dans un climat de violence,  alimenté par des gangs armés et des policiens criminels qui veulent s’éterniser au pouvoir. 

Quel mal le peuple haïtien a t il fait au reste du monde pour mériter de vivre dans «  cette jungle dont Les criminels en col blanc ont créé à dessein, depuis avant et après l’assassinat de Jovenel Moise?

La communauté internationale doit faire quelque chose de «  spectaculaire «  pour prouver sa bonne foi envers ce pays martyr et délivrer ce peuple de ses oppresseurs. Sinon qu’elle s’abstienne de parler de «  droits de l’homme «  ! 
"Les droits de l’homme ne peuvent être à géométrie variable. Ce qui est bon pour d’autres pays du monde devrait l’être pour Haïti."
Le droit de «  manger à sa faim «  est définitivement le premier droit humain pour rester en vie . Sinon à quoi sert la bouche dont la nature où Dieu nous a pourvus en venant au monde ? 

Et comment demander à un peuple affamé de rester tranquille?

Si la communauté internationale ne fait rien d’urgence en Haïti, elle doit s’attendre à plus de pillage, d’incendie criminel ou légitime et , finalement, au chaos total.

Un Mauvais gouvernement n’est jamais capable de garantir ou de promouvoir la paix et la sécurité dans aucun pays du monde !

Si les rats sont encore dans le bateau, c’est parce «  des cerveaux beaucoup plus intelligents que nos politiciens à courte vue le veulent ainsi, et cherchent à les porter à se trahir les uns les autres , jusqu’au jour où ils parviennent tous à s’autodétruire « . 

Personne ne va faire le sale boulot pour le peuple haïtien , en préservant les masses de la duplicité de leurs politiciens qui ne sont ,après tout , que de «  sales vermines « sur la terre de Dessalines, et qui travaillent sans cesse à les maintenir dans la pauvreté extrême. Les politiciens haïtiens sont définitivement les pires ennemis du peuple haïtien!

C’est la responsabilité du peuple haïtien de se retrousser les manches et de consentir tout sacrifice pour «  vivre libre ou mourir « . 
Indifférent à tout ce qui se passe, le PM de facto récemment en avion vers Miami


IL n’y a pas de révolution sans violence ou effusion de sang. Tant pis pour les idéalistes qui croient encore que le bien est possible en ce bas monde sans sacrifice .

Diviser pour régner a toujours été la recette idéale de tout empire du passé ou présent pour dominer et conquérir tout peuple dépourvu d’intelligence et à la mentalité tribale. Si seulement le peuple haïtien savait à quelle sauce on veut le manger ….

Aujourd’hui…ce qui se passe en Haïti est purement et simplement un génocide programmé et calculé à l’avance , afin d’imposer au peuple haïtien un leader qu’il ne voudra définitivement pas à travers des élections frauduleuses.

Haïti ne se portera pas mieux tant et aussi longtemps qu’il ne se manifeste pas parmi ce peuple un vrai leader capable de gagner la confiance des masses pour les porter à renverser ce système inique basé exclusivement sur le racisme et l’exploitation de l’homme par l’homme , et l’appât du gain des politiciens , toutes catégories confondues. 

En Haïti…tous les soit disant leaders se mettent présentement à l’abri et espèrent voir émerger ce leader providentiel qui viendra s’offrir en sacrifice pour encadrer la populace et déclencher une vraie révolution dont ils seront les vrais bénéficiaires.

Disons tous non à ces politiciens qui ont trahi la cause du peuple depuis la chute du régime des Duvalier! 

Les politiciens haïtiens ne veulent point entendre parler d’élections libres. Les transitions à n’en plus finir sont leur objectif réel pour se perpétuer au pouvoir et favoriser la corruption. Le peuple doit se lever comme un seul homme pour dire non «  aux transitions éternelles « . La lutte qui doit décider de votre liberté ou esclavage à jamais a déjà commencé. Ne reculez point . Du sang sera versé. C’est inévitable. IL vaut mieux  mourir pour sa conviction ou une vie meilleure que de vivre éternellement sous l’oppression ou à genoux. Si Dessalines pensait que la guerre contre les colons français était une lutte perdue d’avance, nous serions tous encore dans l’esclavage. Dans la vie …on ne gagne rien sans sacrifice!
Vidéo (Ayiti Libete)


La triste réalité des pseudo mouvements de protestation des peuples non encadrés par un vrai leader, est qu’elle ressemble étrangement à cette tendance dont tout le monde se fait sienne, à savoir qu’on « veut tous aller au paradis , mais personne ne veut passer par la mort « . 

Mais où sont ils ceux qui promettaient aux masses des lendemains enchanteurs et qui leur disaient que les «  barricades «  représentaient leur avenir?

Mais où sont ils , Dieu du ciel,ceux qui promettaient au peuple un meilleur leadership, du pain pour tous , de la sécurité et une vie meilleure? 

Sont ils entrain de faire mieux ou conduire ce pays vers une catastrophe humanitaire et la désolation totale?

L’ironie avec les pseudo révolutionnaires , est qu’ils sont capables de promettre au peuple enfantin ou naïf le paradis, tandis qu’ils sont incapables de proposer même le purgatoire, une fois arrivés au pouvoir. 

Les politiciens haïtiens appartiennent à cette catégorie de gens cyniques et cruels capables de vendre un réfrigérateur même à un Eskimo . 

Ils se détestent cordialement et ne se parlent que pour tromper les uns les autres. C’est aux plus fins de s’amuser. Et aux plus sots de s’abuser! Comment prendre ces « monstres au visage humain au sérieux « ?

Tant pis pour les stupides qui croient encore que les politiciens haïtiens ont à cœur leur avenir , et qui continuent malgré tout à attendre pour un sauveur qui ne viendra peut-être jamais. L’enfer est pavé de bonnes intentions, dit on.

L’excès d’optimisme dans toute lutte révolutionnaire, est une faute impardonnable et ne peut que conduire à la plus cruelle déception. La bataille doit continuer jusqu’à la victoire finale. C’est maintenant ou jamais!

Après tout compte fait …chaque homme ou chaque femme reste et demeure le seul artisan de son propre destin!

Et malheur à ceux qui prennent leur rêve pour réalité en bâtissant des châteaux éphémères sur le sable mouvant des promesses fallacieuses!

Les politiciens haïtiens d’aujourd’hui ne sont pas là pour vous. Leur seule préoccupation…c’est la prise du pouvoir par tous les moyens pour recommencer les mêmes habitudes de corruption et d’oppression. Défendez vous maintenant par tous les moyens. C’est un droit légitime de vouloir préserver votre vie !

Illustrations:HCN

jeudi 14 juillet 2022

Port-au-Prince, Haїti: Affrontements armés faisant de nombreux morts et affamés

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Port-au-Prince s’enfonce dans la violence alors que les prix s’envolent et les carences de carburant s’aggravent toujours davantage, menaçant l’aide humanitaire pourtant cruciale. 


Des manifestants brûlent des pneus à Port-au-Prince le 13 juillet 2022. AFP


En une semaine, «au moins 89 personnes ont été assassinées et 16 autres sont portées disparues», a indiqué le Réseau national de défense des droits humains dans un communiqué, précisant que le bilan partiel de ces violences fait également état de «74 blessés par balle ou à l’arme blanche». Depuis jeudi, les rafales d’armes automatiques crépitent à longueur de journée à Cité Soleil, commune la plus défavorisée et la plus densément peuplée de l’aire métropolitaine: deux factions de gangs s’y affrontent sans que la police, en manque d’hommes et d’équipements, n’intervienne. 

 Le long des corridors des bidonvilles qui s’y sont formés au fil des quatre dernières décennies, des milliers de familles n’ont d’autre choix que de se terrer chez elles, sans pouvoir se ravitailler en eau et nourriture. Certains habitants sont victimes de balles perdues à l’intérieur même de leurs modestes logements, faits de simples tôles, mais les ambulances ne sont pas autorisées à circuler librement dans la zone pour venir en aide aux blessés. 

 «Nous appelons tous les belligérants à permettre le passage des secours vers Brooklyn (nom du quartier de Cité Soleil où se concentrent les violences, NDLR) et à épargner les civils», a exhorté mercredi Mumuza Muhindo, chef de mission de Médecins sans frontières. 

 «Champ de bataille» - 

Entravée dans ses opérations d’évacuations des victimes, l’organisation humanitaire a néanmoins opéré une quinzaine de blessés par jour en moyenne depuis vendredi, dans son hôpital situé à proximité de Cité Soleil. «Le long de la seule route menant à Brooklyn, nous avons rencontré des cadavres en décomposition ou brûlés», a ajouté Mumuza Muhindo. «Il peut s’agir de personnes tuées lors des affrontements ou essayant de fuir et qui ont été abattues. C’est un vrai champ de bataille». 
                                                                           PH: AFP

Ces affrontements meurtriers entre gangs affectent l’ensemble des activités à travers la capitale car c’est à Cité Soleil que se situe le terminal pétrolier qui alimente Port-au-Prince et tout le nord d’Haïti. À travers la capitale, les stations-service ne distribuent plus une goutte de carburant, faisant drastiquement flamber les prix au marché noir. En colère face à cette situation, des chauffeurs de taxi moto ont érigé mercredi quantité de barricades à travers les principaux axes routiers de Port-au-Prince. 

 Face à ce mouvement spontané, seuls les courts déplacements à moto à l’intérieur des quartiers étaient possibles, ont pu constater des journalistes de l’AFP. Soumis à de tels aléas, les habitants de la capitale peinent à organiser leurs activités quotidiennes, déjà entravées par le risque d’enlèvement. 

 Depuis plus de deux ans, les gangs multiplient les rapts crapuleux dans la ville, séquestrant des personnes de toute origine socio-économique et de toute nationalité. Jouissant d’une très large impunité, les bandes criminelles ont amplifié leurs actions au fil des semaines: au moins 155 enlèvements ont été commis en juin contre 118 au mois de mai, a signalé le Centre d’analyse et de recherches en droits humains, dans son dernier rapport publié mercredi. 

 L’exil face aux enlèvements 

Quantité d’Haïtiens qui le peuvent fuient vers la République dominicaine ou les États-Unis. Beaucoup, n’ayant ni les moyens économiques ni les visas, risquent leur vie en prenant place sur des bateaux de fortune, espérant atteindre la Floride. Nombreux échouent sur les côtes cubaines ou bahaméennes ou sont stoppés en mer par les garde-côtes américains. 

 Plus de 1200 migrants en situation irrégulière ont été renvoyés en Haïti au cours du seul mois de juin, selon les statistiques de l’Office national des migrations. À leur retour, ils retrouvent leurs difficultés pour survivre, glanant des petits boulots informels dans un pays où l’inflation annuelle a franchi la barre des 20% depuis déjà trois ans. 

 Face aux conséquences de la guerre en Ukraine sur l’économie mondiale, ce taux pourrait dépasser les 30% d’ici à la fin de l’année, alertent les économistes. «Nous constatons une augmentation significative de la faim dans la capitale et dans le sud du pays, Port-au-Prince étant la plus durement touchée», s’est inquiété mardi Jean-Martin Bauer, directeur du Programme alimentaire mondial (PAM) en Haïti. 

 Pour contourner les zones périphériques de Port-au-Prince, aux mains des gangs, l’agence onusienne utilise les voies aériennes et des routes maritimes pour envoyer de l’aide dans le sud et le nord du pays. 

 Près de la moitié des 11 millions d’Haïtiens souffrent déjà d’insécurité alimentaire dont 1,3 million qui sont confrontés à une situation d’urgence humanitaire précédant le stade de la famine, selon la classification du PAM. 

 (AFP)

lundi 27 juin 2022

Le tour du monde en quelques points (mutilingue-Texte & audio)

Français

Les 5 choses à savoir de la semaine



Texte:

Le G7 a mis sur les rails dimanche 26 juin 2022 un vaste programme d'investissements à destination des pays en développement, visant à mobiliser 600 milliards de dollars et censé répondre aux immenses chantiers financés par la Chine, a annoncé ce dimanche le président américain Joe Bailledenn. «Avec les partenaires du G7, nous visons à mobiliser 600 milliards de dollars d'ici 2027 pour des investissements mondiaux dans les infrastructures», a déclaré la Maison Blanche peu avant un discours de Joe Bailledenn dévoilant cette proposition lors du sommet des sept pays industrialisés dans le sud de l'Allemagne.

Un brasier s’est allumé aux Etats-Unis quand la très conservatrice Cour suprême de ce pays a mis ce vendredi 24 juin 2022, Dans une volte-face historique, un arrêt au droit à l’avortement qui, depuis près d'un demi-siècle, garantissait le droit des Américaines à avorter mais n'avait jamais été accepté par la droite religieuse. En effet, depuis l’annonce officielle de la decision judiciaire, des multiples manifestations ou protestations, pour la plupart pacifiques mais denses et chauffées, ont eu lieu à travers les Etats-Unis en vue de la dénoncer. Le president Biden a qualifié la décision de résultat d’une, nous citons, idéologie extrémiste.

Disons en passant que Le Chili est le premier pays au monde à inscrire dans sa Constitution le droit à l’avortement qui deviendrait alors un droit fondamental qui ne sera plus soumis aux changements de gouvernements ou de majorités parlementaires.

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté dimanche midi dans le centre de Madrid pour exiger la dissolution de l'OTAN et réclamer la paix, à deux jours de l'ouverture du prochain sommet de l'Alliance atlantique dans la capitale espagnole. Un long cortège constitué de convois regroupant des militants de gauche, anticapitalistes, altermondialistes, écologistes, féministes, communistes ou encore les mouvements comme Vendredi pour le Future et Extinction Rébellion a défilé dans le calme et sous importante escorte policière afin de dénoncer la tenue de la prochaine réunion de l'organisation à Madrid du 28 au 30 juin.

Le 7 juillet prochain ramènera le premier anniversaire de la mort tragique du président haïtien Jovenel Moïse. L’enquête sur l’assassinat èttapparemment au point mort, ce qui rend évasive la justice pour ce meurtre dont les commanditaires sont loin d’être connus. De plus, la justice ennHaïti est actuellement inopérante avec l’occupation il y a deux semaines du tribunal de première instance de Port-au-prince par des bandes armées qui ont brulé un certain nombre de dossiers judiciaires et forcé des officiels et employés de la justice y compris des juges à prendre la fuite.

Des centaines de personnes en grande partie de la mouvance Lavalass sont descendues, ce dimanche 26 juin 2022, dans les rues à Port-au-Prince, notamment à Delma pour réclamer l'ancien président Jean Bertrand Aristide, à la présidence de la transition. Elles en ont profité pour dénoncer la cherté de la vie et la mauvèèze gouvernance du pays.

C’était, Radio Francophonie Connexion, pour vous informer avec comme annonceurs, Nicolas, Sylvia et Denise

lundi 23 mai 2022

How a French bank captured Haiti

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 Far from an instrument of Haiti's salvation, its central bank was, from its very inception, an instrument of French financiers and a way to keep a suffocating grip on a former colony into the next century

 BY MATT APUZZO, CONSTANT MÉHEUT, SELAM GEBREKIDAN AND CATHERINE PORTER

14 min read

PUBLISHED: May 23, 2022

 A branch of Crédit Industriel et Commercial in Dijon, France, Feb. 11, 2022. At a time when CIC was helping finance the Eiffel Tower as a monument to French liberty, it was choking Haiti’s economy, taking much of the young nation’s income back to Paris. Today it is a $355 billion subsidiary of one of Europe’s largest financial conglomerates. Image: Dmitry Kostyukov/The New York Times

Every sentence of the invitation ended with an inky flourish, a triple loop of calligraphy befitting a night of dinner, dancing and fireworks at Haiti’s national palace.

Debt had smothered the country for more than a half-century. Despite ousting its colonial rulers in a war of independence, Haiti had been forced to pay the equivalent of hundreds of millions of dollars to its former French slave masters, a ransom for the freedom it had already won in battle.

But on the night of Sept. 25, 1880, paying off the last of that money finally seemed within reach. No longer would Haiti lurch from one financial crisis to the next, always with a weather eye on the horizon for the return of French warships. The new president, Lysius Salomon, had managed a feat that had eluded the nation since birth.

“The country will soon have a bank,” he told his guests, proposing a toast. Outside, soldiers paraded down streets festooned with enormous flags.

A branch of Crédit Industriel et Commercial in Dijon, France, Feb. 11, 2022. At a time when CIC was helping finance the Eiffel Tower as a monument to French liberty, it was choking Haiti’s economy, taking much of t
Salomon had reason for optimism. European national banks had financed railroads and factories, softened the blows of recessions and added certainty to the business of governing. They helped bring life to a majestic version of Paris, one with clean water, sewers and grand avenues — investments that would pay off long into the future.

Now it was Haiti’s turn. Salomon called it “a great event, which will go down in history.”

It was all a mirage.

The National Bank of Haiti, on which so many hopes were pinned that night, was national in name only. Far from an instrument of Haiti’s salvation, the central bank was, from its very inception, an instrument of French financiers and a way to keep a suffocating grip on a former colony into the next century.

Haiti’s central bank was set up by a Parisian bank, Crédit Industriel et Commercial. At a time when the company was helping finance one of the world’s best-known landmarks, the Eiffel Tower, as a monument to French liberty, it was choking Haiti’s economy, taking much of the young nation’s income back to Paris and impairing its ability to start schools, hospitals and the other building blocks of an independent country.


Crédit Industriel, known in France as CIC, is a $355 billion subsidiary of one of Europe’s largest financial conglomerates. But its exploits in Haiti left a crippling legacy of financial extraction and dashed hopes — even by the standards of a nation with a long history of both.

Haiti was the first modern nation to win its independence after a slave uprising, only to be financially shackled for generations by the reparations demanded by the French government for most of the 19th century.

And just when that money was nearly paid, CIC and its national bank — the very instruments that seemed to hold the promise of financial independence — locked Haiti into a new vortex of debt for decades to come.

French elites, including a descendant of one of the wealthiest slaveholders in Haiti’s history, controlled Haiti’s national bank from the French capital. Their ledgers show no investments in Haitian businesses, much less the kinds of ambitious projects that modernized Europe.

Instead, original records uncovered by The New York Times show that CIC siphoned tens of millions of dollars out of Haiti and into the pockets of French investors.

The national bank that CIC created charged fees on nearly every transaction the Haitian government made. French shareholders earned so much money that in some years, their profits exceeded the Haitian government’s entire public works budget for a country of 1.5 million people.

That history has been all but erased. Scholars say most of CIC’s archives have been destroyed, and Haiti does not appear on the timeline used to publicize the company’s history as one of France’s oldest lenders. When it commissioned an official history to commemorate its 150th birthday in 2009, Haiti barely warranted a mention. The scholar who wrote that history, Nicolas Stoskopf, called the company “a bank without a memory.”

A spokesperson said the bank had no information about this period and declined repeated requests to discuss it. “The bank that we manage today is very different,” the spokesperson, Paul Gibert, said.

Today, the brazen assassination of Haiti’s president in his own bedroom, the rampant kidnappings and the gangland lawlessness in the capital have given fresh urgency to a question that has long bedeviled the Western world: Why does Haiti seem perpetually stuck in crisis, with staggering illiteracy, $2-a-day wages, hunger and disease? A country without public transportation, reliable electricity, garbage collection or sewage systems?

Persistent corruption by Haiti’s leaders is surely part of any answer. But another part can be found in long-forgotten documents sprinkled in archives and libraries across Haiti and France.

The Times sifted through 19th-century texts, diplomatic records and bank documents that have seldom, if ever, been studied by historians. Together, the documents make clear that CIC, working with corrupt members of the Haitian elite, left the country with barely anything with which to operate, let alone build a nation.

By the early 20th century, half of the taxes on Haiti’s coffee crop, by far its most important source of revenue, went to French investors at CIC and the national bank. After Haiti’s other debts were deducted, its government was left with pennies — 6 cents of every $3 collected — to run the country.

The documents help explain why Haiti remained on the sidelines during a period so rich with modernization and optimism that Americans dubbed it the Gilded Age and the French called it the Belle Époque. This extraordinary growth benefited both faraway powers and developing neighbors, yet Haiti had vanishingly little to invest in basics like running water, electricity or education.

The damage was lasting. Over three decades, French shareholders made profits of at least $136 million in today’s dollars from Haiti’s national bank — about an entire year’s worth of the country’s tax revenues at the time, the documents show.

The Times vetted its methodology and sources for these calculations with economic historians and accountants. Financial historian Éric Monnet of the Paris School of Economics summed up the national bank’s role as “pure extraction.”

But the cumulative losses to Haiti were far greater: Had the wealth siphoned off by Haiti’s national bank stayed in the country, it would have added at least $1.7 billion to Haiti’s economy over the years — more than all of the government’s revenues in 2021.

And that is if the money had simply remained in the Haitian economy, circulating among its farmers, laborers and merchants, without being invested in bridges, schools or factories — the sort of projects that help nations prosper.

More importantly, the toll Haiti’s national bank took came after generations of payments to former slaveholders that inflicted as much as $115 billion in losses to the Haitian economy over the last two centuries.

It did not take long after the fireworks and feasting at the palace for Haitians to realize that something was not right. The national bank extracted so much and returned so little that Haitians quickly called it “the financial Bastille,” equating it with the notorious prison that became a symbol of a despotic French monarchy.

“Isn’t it funny,” Haitian politician and economist Edmond Paul wrote of the national bank in 1880, “that a bank that claims to come to the rescue of a depleted public treasury begins not by depositing money but by withdrawing everything of value?”

Hopes and Aspirations

Haiti’s president was not the only one with heady aspirations. In Paris, Henri Durrieu, president of CIC, had ambitions of his own.

Durrieu was not born into the world of high finance. He started his career as a tax collector, like his father, before striking off in his 40s to join a new bank, CIC. But the early years were tough. The bank had introduced the checking account to France, yet the novelty had not taken off, and by the 1870s, the company remained stuck in the second tier of French finance.CIC enjoyed an advantage, though. It was the preferred bank for much of the nation’s Catholic bourgeoisie, clients who had money to invest and expected returns.

Durrieu, with a taste for risk-taking, drew inspiration from state-led banks in French colonies like Senegal and Martinique. He and his colleagues were enthralled by the idea of “creating a bank in these rich but distant countries,” as they described it in handwritten notes found in the French National

Archives.

These banks “generally give brilliant results,” the founding fathers of the National Bank of Haiti said.

Haiti — “a country new to credit markets, a country of renowned wealth,” the national bank’s executives concluded — seemed a good bet.

“Wealth” might seem a peculiar word for a Parisien banker to use to describe Haiti at the time. Its capital, Port-au-Prince, was overrun by trash and human waste that washed into the harbor. Streets and infrastructure were so neglected that Haitians had a saying: “Go ’round a bridge, but never cross it.”

But while Haitians were poor, Haiti could make you rich. As British diplomat Spenser St. John wrote in 1884, “No country possesses greater capabilities, or a better geographical position, or more variety of soil, of climate, or of production.”

Slaveholders had taken that wealth for themselves — first with the whip, then with a flotilla of French warships, demanding compensation for plantations, land and what France considered its other lost property: the Haitian people. It was the first and only instance in which generations of free people had to pay the descendants of their former slave masters.

A half-century later, Durrieu and CIC approached Haiti with a different tactic: the outstretched hand of a business partner.

‘We Owe More Than Before’

Durrieu knew how to sell a dream.

Five years earlier, CIC and a now-defunct partner had issued Haiti a loan of 36 million francs, or about $174 million today. The money was supposed to build bridges, marketplaces, railroads and lighthouses.

It was a time of worldwide investment. England built new schools and passed laws on mandatory education. Paris opened a 97-mile aqueduct carrying clean drinking water to the capital. In New York, the iconic arches of Brooklyn Bridge rose above the East River, an engineering marvel that would forever transform the city’s economy.

Beyond bricks and steel, Haiti earmarked about 20% of the French loan to pay off the last of the debt linked to France’s original ransom, according to the loan contract. “The country will finally come out of its malaise,” the Haitian government’s annual report predicted that year. “Our finances will prosper.”

None of that happened. Right off the top, French bankers took 40% of the loan in commissions and fees. The rest paid off old debts or disappeared into the pockets of corrupt Haitian politicians.

 “None of the goals has been achieved,” a Haitian senator declared in 1877. “We owe more than before.”

The 1875 loan from CIC and its partner left two major legacies. The first is what economist Thomas Piketty called the transition from “brutal colonialism” to “neocolonialism through debt.”

Haiti took on millions in new interest, hoping to finally shed the burden of paying its former slave masters. In that way, the loan helped prolong the misery of Haiti’s financial indentureship to France. Long after the former slaveholding families considered the debt settled, Haiti would still be paying — only now to CIC.

Haitian leaders, of course, share the responsibility, and some scholars have argued that this loan shows that politicians cared more about lining their pockets than developing a nation.

The second legacy was felt more immediately. The loan initially obligated the Haitian government to pay CIC and its partner nearly half of all the taxes the government collected on exports such as coffee until the debt was settled, effectively choking off the nation’s primary source of income.

That was the first step, giving Durrieu and his French bank a claim to much of Haiti’s financial future. He soon set his sights on even more.

 The National Bank

Haiti had tried to start a national bank for years. Salomon’s predecessor had even bought bank vaults. But in 1880, Haiti’s longing for financial independence aligned neatly with Durrieu’s plans.

The contract establishing Haiti’s national bank reads like a series of giveaways. Durrieu and his colleagues took over the country’s treasury operations — things like printing money, receiving taxes and paying government salaries. Every time the Haitian government so much as deposited money or paid a bill, the national bank took a commission.

Lest there be any doubt where that money was headed, the contract said the National Bank of Haiti would be chartered in France and exempted from Haitian taxes and laws. All power was put in the hands of the board of directors in Paris. Haiti had no say in the operation of its own national bank.

The national bank’s headquarters — which also happened to be CIC’s headquarters — sat in the 9th Arrondissement of Paris, in the shadow of the lavish Palais Garnier opera house.

Durrieu was the first chair of a board that included French bankers and businessmen, including Édouard Delessert, a great-grandson of one of the biggest slaveholders in Haiti’s colonial history, Jean-Joseph de Laborde.

Handwritten notes from the national bank show, from the beginning, who was in charge. As the Paris Financial Association wrote in 1896, “The National Bank of Haiti is a French financial institution whose headquarters, which is open to bondholders, is in Paris. Its offices in Haiti are only branches, placed under the authority and control of the head office.”

Durrieu’s gamble paid off. At a time when typical French investment returns hovered around 5%, board members and shareholders in the National Bank of Haiti earned an average of about 15% a year, according to a Times analysis of the bank’s financial statements. Some years, those returns approached 24%.

Durrieu made out handsomely. His contract with Haiti granted him thousands of special shares in the national bank, worth millions in today’s dollars.The year he christened Haiti’s national bank, he was named a commander of the Légion d’Honneur, an order of merit awarded for service to France.

Dashed Hopes

Soon after the fireworks display at the national palace, Haitians began realizing they had received a raw deal.

The national bank offered no savings accounts to Haitian people or businesses. And although the contract allowed it to loan money to businesses — and Haitians clearly hoped it would — bank ledgers from an archive in Roubaix, France, showed that seldom, if ever, happened.

“It is not from the Bank of Haiti, as it functions, that Haitians can expect their recovery,” Haiti’s finance secretary, Frédéric Marcelin, wrote at the time.

The second half of the 19th century should have offered Haiti an enormous opportunity. Global demand for coffee was high, and Haiti’s economy was built around it.

Across the Caribbean Sea, Costa Ricans were putting their coffee wealth to work building schools, sewage systems and the first municipal electrified lighting system in Latin America. Haiti, by contrast, obligated much of its coffee taxes to paying France — first to its former slaveholders, then to CIC.

Despite all that, Haiti was a middle-of-the-road Caribbean economy, thanks to high coffee prices. But when the market tanked in the 1890s, Haiti’s coffee taxes exceeded the price of the coffee itself. The entire economic model was on the brink of collapse.

It was time for yet another loan: 50 million francs (about $310 million today) from the National Bank of Haiti in 1896. It was, once again, guaranteed by coffee taxes, the country’s most reliable source of money.

Haitians had been poor for generations. But this moment — when the country was tethered to coffee, CIC and the national bank — is when Haiti began its steep decline relative to the rest of the region, according to data compiled by Victor Bulmer-Thomas, a British economist who studies Caribbean history.

“Haiti made plenty of its own mistakes,” he said, like taking on new debt and failing to diversify its economy. “But there’s no doubt a lot of its problems from the late 19th century onward can be attributed to these imperial powers.”

The Fall of the National Bank

Durrieu died in 1890, before the unraveling of the national bank he created.

Haitian authorities began accusing the bank in 1903 of fraudulent overbilling, double-charging loan interest and working against the best interest of the country. But the bank reminded them of an important detail: Chartered in France, it considered such disputes beyond the reach of Haitian courts.

 Undeterred, Marcelin persuaded parliament to retake control of the government treasury. Haiti would print its own money and pay its own bills.

 But records in the French Diplomatic Archives show that the national bank still had a powerful ally in its corner: the French government.

 In January 1908, France’s envoy to Haiti, Pierre Carteron, met with Marcelin and urged him to restore normal relations with the bank. Marcelin refused. The National Bank of Haiti, should it survive at all, would actually need to work toward the economic development of Haiti, he said.

 That might be possible, Carteron replied. Of course, he added, Haiti would first have to return its treasury to French control. And besides, “You need money,” Carteron said, according to his own notes. “Where are you going to find it?”

As his handwritten messages show, Carteron suspected Marcelin would never agree to that. So he encouraged his colleagues in Paris to come up with a new plan.

 “It is of the highest importance that we study how to set up a new French credit establishment in Port-au-Prince,” Carteron wrote, adding, “Without any close link to the Haitian government.”


That new institution opened in 1910 with a slight tweak to the name: the National Bank of the Republic of Haiti. France still had a stake, but after 30 years, CIC was out.

 By then, there was a new center of gravity in the financial world: Wall Street, and a swaggering group of bankers from the National City Bank of New York, which ultimately became Citigroup.

 The U.S. financiers continued operating from Durrieu’s playbook and became the dominant power, leading to a consequence even more lasting than the debt he helped orchestrate.

 After all, Wall Street wielded a weapon more powerful than a French diplomat making oblique threats. American bankers called on their friends in Washington, and 35 years after Durrieu’s bank came into existence, the U.S. military invaded Haiti.

 It was one of the longest military occupations in American history, enabling the United States to seize control over Haiti’s finances and shape its future for decades to come.

 Once again, the country had been undermined by the institution Salomon had so proudly feted that night at the palace: Haiti’s national bank.


 Below, Related stories:

A Times project asks: What was the real cost of Haiti’s post-independence forced payments?

https://www.nytimes.com/live/2022/05/23/world/haiti-france-ransom                              

Haiti ‘Ransom’ Project: Reactions and Updates

The underlines are from HCN

©2019 New York Times News Service

 

dimanche 8 mai 2022

Le lent assassinat d’une nation

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Source: Haïti Liberté

 Il y a longtemps que le pays traverse des moments de grandes difficultés.  Un drame en rappelle un autre. En fait, il n’a jamais connu de paix réelle. C’est l’unique pays qui, au lieu de faire un bond en avant ne cesse de régresser et cela à tous les niveaux.

André Michel (gauche), un ennemi farouche du président assassiné. 

Plusieurs  secteurs en Haiti le considèrent comme l'un des agents de destabilisation en Haiti, en complicité avec certains membres de l'oligarchie haitienne

Ce n’est donc pas le fruit du hasard, si présentement le pays agonise et est au bord du gouffre et offre justement le spectacle pathétique d’une nation en voie de dissolution. Le pays a été et continue d’être victime d’une guerre d’agression constante et permanente due à une série de facteurs bien orchestrés tels que : boycottages, chantages, sabotages. Tant de violences arbitraires et d’arrogances contre les masses populaires, juste pour nous humilier, nous effacer de la carte du monde par n’importe quel moyen, assurément une façon démentielle de nous faire payer notre révolution antiesclavagiste et anticoloniale de 1803 et 1804.

Au lieu d’une quelconque amélioration, les choses s’empirent davantage. Tout ce que nous avions construit ont été détruits comme un château de cartes soit par le séisme néolibéral soit par de véritables opérations révoltantes « d’autodestruction ».

Au lieu de se réduire, les inégalités sociales engendrées par un système capitaliste excessivement discriminatoire contre les masses laborieuses se sont amplifiées au point que les besoins humains et sociaux les plus élémentaires et les plus vitaux sont outrancièrement ignorés.

SI RUPTURE IL DOIT Y AVOIR, COMMENT POURRAIT-ON SORTIR DU MARASME ACTUEL AVEC LES MÊMES ACTEURS, LES MÊMES FORCES CONSERVATRICES ET TRADITIONNELLES QUI SONT ENCORE PLUS PUISSANTES QUE JAMAIS?

Les entreprises nationales pouvant donner aux citoyens accès au travail n’existent plus. L’éducation a perdu toute sa valeur d’antan. Nous vivons indignement dans la pauvreté sociale et morale la plus honteuse, sans aucun sentiment de révolte.  Nous sommes réduits à un pays sans de sérieuses écoles compétentes, sans des hôpitaux pouvant desservir la population misérable, sans électricité pour tous et sans aucune structure de santé valable. La justice haïtienne est en constante défaillance. La Cour de cassation n’est-elle pas dysfonctionnelle depuis plus de deux ans ? Le Palais de justice de Port-au-Prince ne fonctionne plus au Bicentenaire à cause d’une insécurité programmée, qu’on veut même institutionnaliser. Elle est devenue nomade !

C’est le pire qui s’installe à travers cette insécurité majuscule à Martissant, Croix-des-Bouquets et dans d’autres endroits du pays. Ce n’est qu’une voie ouverte à de nouveaux désordres, violences et barbaries, dont le terreau est l’injustice, l’humiliation et le mépris, le tout couronné et amplifié d’une inflation galopante. Toutes les conditions semblent réunies afin de permettre à l’engeance politicienne irresponsable d’avancer des pions et de gagner davantage de terrain. De cette façon, elle pourra continuer à aggraver le malheur des masses laborieuses qui sont plus que jamais au bord de l’asphyxie et d’une irréversible décomposition.

Le pays ne compte ni une classe ouvrière ni une paysannerie organisées, à quoi s’ajoute une opinion publique abusée et fatiguée par la démagogie et la corruption à outrance. Le pourcentage des chômeurs et des jeunes cadres à la recherche d’un travail, même peu rémunérateur, a atteint son paroxysme ; il en résulte que la population s’appauvrit de plus en plus. Bref, le peuple abandonné à lui-même est aux abois.

Les perspectives se résument seulement à amorcer un dialogue et à se contenter d’appels à la raison, sorte de vœu pieux pour une prétendue « réconciliation » nationale et organiser de nouvelles élections.

De sorte que l’inacceptable soit servi sur un plat d’argent avec soi-disant de nouveaux visages offerts au peuple pour garantir aux élites cyniques, la possibilité de conserver leurs privilèges illégitimes et abusifs.

Un pays sans aucun dirigeant légal, constitutionnel, digne et honnête. Un pouvoir ayant comme chef, un Premier ministre soupçonné d’assassinat, des ministres dont les noms, pour la plupart, sont cités dans des transactions d’enlèvements contre rançon par la clameur publique. Pour satisfaire nos détracteurs occidentaux, nos dirigeants ont accepté de souiller leur propre histoire qui chérissait la dignité, la liberté et la justice sociale pour tous.

Ne sommes-nous pas en train d’assister à un suicide latent d’Haïti en tant que nation ? Le journaliste Hérold Jean-François, directeur de Radio Ibo, l’avait bien signalé dès 2005 que « notre pays marche irréversiblement vers un suicide collectif, vers sa perte, sa disparition comme entité nationale, si ses différentes composantes, à la lumière du constat d’échec, ne font rien pour un renouveau ».

Si rupture il doit y avoir, comment pourrait-on sortir du marasme actuel avec les mêmes acteurs, les mêmes forces conservatrices et traditionnelles qui sont encore plus puissantes que jamais ? La conjoncture jusque-là a mis en évidence des choix suffisamment confus qui n’ont pu que créer l’illusion d’une politique au mieux réformiste, certainement pas progressiste.

En tout état de cause, une chose est certaine et sûre, cette nouvelle et douloureuse épreuve, ajoutée aux souffrances quotidiennes qu’endure le peuple haïtien depuis des années, ne profite qu’à ses implacables ennemis : les nantis des classes dominantes, grands criminels de l’histoire du pays, les maîtres de la contrebande et des trafics illicites à grande échelle et dont leur patron est l’impérialisme américain.

Un pays qu’on est vraiment en train d’assassiner à petit feu, et qu’on laisse s’éteindre  cruellement, lâchement, dans le désespoir et la misère. Il est temps que les masses exploitées, opprimées réagissent pour stopper cet assassinat afin que le sang du peuple ne soit pas inutilement répandu sur l’autel de vagues querelles démagogiques et de trahison d’une élite arrogante, servile, méprisable, mais au service d’une cause noble et juste, d’un projet collectif épanouissant, ce dans l’intérêt du peuple haïtien en général.

Sujet en rapport:‘A can of worms’: U.S. seeks to keep Moïse assassination ...

Illustration: HCN


dimanche 20 février 2022

Bureau intégré des Nations Unies en Haïti: Rapport du Secrétaire général

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Nations-Unies                                                                                                             S/2022/117

Conseil de sécurité                                 Distr. générale 15 février 2022 Français

Original : anglais

 

  


Bureau intégré des Nations Unies en Haïti

Rapport du Secrétaire général


António Guterres

I          Introduction

1.       Le présent rapport est soumis en application de la résolution 2600 (2021) du Conseil de sécurité, par laquelle celui-ci a prorogé jusqu’au 15 juillet 2022 le mandat du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) défini dans sa résolution  2476 (2019), par laquelle il avait créé le BINUH et m’avait prié de lui rendre compte tous les 120 jours de l’application de la résolution. Il retrace les principaux faits nouveaux survenus depuis mon précédent rapport ( S/2021/828) et fait le point sur l’exécution du mandat du Bureau.

 

II.           Politique et bonne gouvernance (objectif 1)

2.           La vie politique haïtienne reste marquée par la polarisation et des divergences persistantes sur les dispositions de la gouvernance actuelles du pays. Les efforts visant à  renforcer l’unité autour d’une voie commune se sont avérés laborieux au cours de  la période considérée, des facteurs économiques et des conditions de sécurité complexes ayant entraîné des pénuries de carburant à l’échelle nationale et des grèves des syndicats des transports, qui ont gravement perturbé la vie économique et sociale dans tout le pays pendant la majeure partie des mois d’octobre et de novembre. Il faut donc encore des progrès pour renforcer le consensus sur la manière de surmo nter la crise politique en Haïti. En outre, plusieurs parties prenantes continuent de douter que le climat politique et les conditions de sécurité actuels permettent la tenue d ’élections en temps voulu. Dans son discours à la nation du 1er janvier, le Premier Ministre Ariel Henry a  déclaré que les problèmes qui continuaient de  secouer le  pays concernaient à la fois la sécurité, les affaires politiques et l’économie. Il a encouragé toutes les parties prenantes haïtiennes, y compris celles qui étaient « partisanes d’autres initiatives », à « agrandir le consensus » autour de l’accord politique du 11 septembre, à mettre de côté leurs différences et à ouvrir une voie commune pour l ’avenir.

3.           Après avoir dissous le Conseil électoral provisoire le 27 septembre 2021, le Premier Ministre a tenté de motiver plusieurs secteurs à former un nouvel organe mais sans grand succès. Invoquant la détérioration continue des conditions de sécurité, plusieurs secteurs ont refusé de désigner des candidates et candidats pour les neuf postes de conseillères et conseillers électoraux. Conscient de la nécessité de remédier aux problèmes de sécurité, et malgré ces revers, le Premier Ministre a poursuivi ses interactions avec les parties prenantes nationales, notamment en engageant un

 

 

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dialogue avec les représentantes et représentants de la Commission pour la recherche d’une solution haïtienne à la crise (connue  sous  le  nom de  groupe de Montana) le 27 octobre, et en échangeant à plusieurs reprises avec d’autres groupes politiques clés, des syndicats, des associations du milieu des affaires et des acteurs de la société civile.

4.           À la suite de ces entretiens, et avec pour dessein d’appliquer l’accord politique du 11 septembre, le Premier Ministre a présenté un gouvernement partiellement remanié, le 24 novembre. Le cabinet de 18 membres, comptant huit nouveaux ministres, dont des représentantes et représentants de la société civile, d’anciens membres de l’opposition politique au défunt Président Jovenel Moïse et des hauts fonctionnaires des administrations précédentes, a élargi la participation à la feuille de route politique et l’inclusion dans l’exécutif. Cependant, la composition du cabinet a suscité des inquiétudes parmi les observateurs, car elle a été perçue comme marginalisant les éléments les plus modérés de l’échiquier politique haïtien. Lors de la cérémonie de prestation de serment du 25 novembre, le Premier Ministre Henry a déclaré que  les principales priorités du nouveau Gouvernement seraient la sécurité, la réforme constitutionnelle fondée sur un processus de « consultation populaire » et la tenue d’élections nationales et locales.

5.           À l’approche du 7 février, date de la fin du mandat du Président Moïse, plusieurs signataires de l’accord politique du 11 septembre ont exprimé leur mécontentement face aux progrès limités de sa mise en œuvre et exhorté le Premier Ministre à accélérer la mise en place d’un nouveau conseil électoral tout en rendant le Gouvernement plus représentatif. D’autres parties prenantes ont remis en question la légitimité du mandat exécutif du Premier Ministre Henry au-delà du 7 février et souligné la nécessité d’organiser des négociations inclusives afin d’articuler un consensus national qui conduirait à la restauration complète des institutions démocratiques par la tenue d’élections. Les discussions sur la question de savoir si Haïti devait maintenir un  exécutif dirigé par un premier ministre pour mener la transition, comme le proposait l’accord du 11 septembre, ou opter pour le type de système semi-présidentiel inscrit dans la Constitution de 1987 sont restées au premier plan du débat politique.

6.           Dans le cadre d’une initiative visant à promouvoir un nouveau modèle de gouvernance hors des mesures prises par le  Gouvernement, les partisans  du groupe de Montana ont inauguré,  le  12  décembre,  un  conseil  national  de  transition  de 46 membres, composé de représentantes et représentants des différents secteurs économiques, sociaux et politiques, y compris la diaspora, afin de désigner un président par intérim et un nouveau premier ministre qui seraient chargés de mener une transition politique de 24 mois. Cet acte a été suivi, le 10 janvier, par la signature d’un nouvel accord entre le groupe de Montana et les signataires du protocole d’entente nationale, qui prévoit un double exécutif, composé d’un collège présidentiel de cinq membres et d’un premier ministre désigné par le conseil national de transition susmentionné. Le nouvel accord prévoit également l’établissement d’une conférence nationale pour décider d’une éventuelle réforme constitutionnelle ainsi que la tenue d’élections en 2024. Six candidatures deux pour le siège du (de la) représentant(e) du groupe de Montana dans le collège présidentiel de cinq membres et quatre pour le poste de premier ministre ont été soumises le 18 janvier au conseil national de transition susmentionné. Le Premier Ministre Henry a réitéré sa volonté de dialoguer avec toutes les parties prenantes, y compris le groupe de Montana, et a indiqué que le prochain chef d’État serait choisi dans le cadre d’élections démocratiques.

7.           Lors d’une réunion ministérielle sur Haïti organisée par le Gouvernement canadien qui s’est tenue virtuellement le 21 janvier, le Premier Ministre a souligné que la lutte contre l’insécurité et le renforcement de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national étaient des conditions indispensables à la tenue d’élections.


 

Tout en reconnaissant la nécessité d’élargir davantage le consensus national autour d’un projet dirigé par les Haïtiennes et Haïtiens et visant à restaurer la démocratie électorale, le Premier Ministre a également annoncé que, conformément à l ’accord du 11 septembre, les milieux universitaires, le secteur privé, les groupes communautaires ruraux, les associations de femmes et d’autres parties prenantes désigneraient leurs représentantes et représentants respectifs au sein des organes de gouvernance transitoire. Il convient de noter que plusieurs participantes et participants à la conférence ont fait valoir que la recherche d’une solution politique viable en Haïti devait reposer sur un dialogue pacifique et constructif entre toutes les parties prenantes nationales, y compris les représentantes et représentants de la société civile.

8.           Début janvier, une controverse a  éclaté  au  sujet  de  la  durée du  mandat  des 10 membres restants du Sénat, les seuls fonctionnaires à occuper actuellement des postes d’élus en Haïti. Certaines parties prenantes soutenaient que le mandat des sénateurs viendrait à expiration le 10 janvier 2022, invoquant le cycle électoral prévu par la Constitution, d’autres considéraient au contraire que leur mandat constitutionnel de six ans devait expirer en 2023, étant donné que les sénateurs avaient pris leurs fonctions  en  2017.  Le  différend  a  été  réglé  pacifiquement  le  10 janvier, ce qui a permis aux sénateurs restants de continuer à exercer leur mandat et contribué à réduire partiellement les tensions politiques. Le même jour, le Président du Sénat a appelé les acteurs nationaux à décréter 2022 « année du dialogue et du consensus national ».

9.           Les problèmes politiques du pays ont été aggravés par l’interruption de l’approvisionnement national en carburant à la mi-octobre, lorsque des bandes criminelles ont encerclé les principaux terminaux de carburant du pays à Port-au-Prince (département de l’Ouest). Des membres des bandes ont kidnappé des chauffeurs de camions, détourné des camions-citernes et fait fuir la police en tirant des coups de feu. En plus d’attiser les tensions sociales et politiques, le blocus qui en a résulté a entraîné des pénuries de carburant dans tout le pays, eu un impact considérable sur la vie économique et perturbé les services essentiels (notamment les banques, les hôpitaux et les ambulances) ainsi que les opérations d’aide humanitaire. Suite à l’ajustement par le Gouvernement de son dispositif de sécurité dans les zones critiques et à ses interactions avec des acteurs clés de la chaîne d’approvisionnement en carburant, une amélioration progressive de la situation a été constatée à la mi-novembre, les stations-service ayant repris leurs activités normales.

10.        À la suite de la crise du carburant, le Premier Ministre a adopté une série de mesures visant à inverser la politique de subvention des carburants en vigueur depuis 10 ans, qui a fait grimper le prix du diesel, du kérosène et de l’essence. La sensibilisation et la consultation proactives des syndicats et des milieux d ’affaires au cours des semaines précédentes ont permis d’apaiser la réaction du public à la hausse des prix et ont conduit à une suppression plus progressive des subventions. La promesse du Gouvernement de réinvestir les ressources publiques dans les services sociaux tels que la police, l’éducation et la santé, tout en offrant d’autres incitations   à l’industrie des transports afin de maintenir les prix des transports publics à un niveau abordable, semble également avoir contribué à l’apaisement.

11.        En l’absence d’un Conseil électoral provisoire reconstitué et en raison de la pénurie généralisée de carburant, les préparatifs électoraux ont été ralentis. Néanmoins, avec le soutien du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes) et du BINUH, le personnel du Conseil électoral national a continué  à renforcer ses capacités afin de mieux gérer les données et de prévenir les violences électorales. L’enregistrement des cartes nationales d’identité s’est également ralenti pendant la période à l’examen. Alors qu’une baisse progressive du nombre


 

d’inscriptions avait été enregistrée pendant les six mois précédents, les perturbations causées par la crise du carburant ont entraîné une chute brutale du nombre d’inscriptions, creux qui n’a été égalé que pendant la période de protestations de  2019 (peyi lok). Au 21 janvier, et après la suppression par l’Office national d’identification des doublons de la liste, le nombre total de citoyennes et citoyens enregistrés était de 4 844 213, dont 2 542 387 femmes. À la même date, 4 154 546 cartes d’identité avaient été délivrées. On notera que, le 16 décembre, le Gouvernement a nommé un nouveau Directeur général en charge de l ’Office national d’identification.

12.        Malgré le peu de progrès réalisés sur le front électoral, l’ONU a continué d’aider les institutions nationales à renforcer le leadership des femmes et à accroître leur participation à la vie politique. ONU-Femmes a appuyé un projet de l’Académie du leadership politique féminin, en l’aidant à mener un cycle de formation à son terme à la fin du mois de novembre et renforçant ainsi les capacités d’environ 80 candidates potentielles aux prochaines élections. En outre, dans le cadre du volet du Fonds pour la  consolidation  de  la   paix  consacré  à   la  prévention  de  la  violence  électorale, y compris la violence à l’égard des femmes, des discussions ont été organisées par ONU-Femmes, avec le soutien du BINUH, autour des mécanismes de lutte contre la violence électorale et politique à l’égard des femmes et des moyens d’atténuer les stéréotypes de genre dans les médias. Ces forums ont rassemblé des membres des institutions nationales, des organisations de la société civile et des médias, et ont contribué à renforcer la coordination dans la lutte contre la violence de genre et la stigmatisation, tout en sensibilisant le public aux obstacles que rencontraient les femmes dans leur participation à la vie publique.

 

III.            Lutte contre la violence de proximité (objectif 2)

13.        Depuis mon dernier rapport, la violence liée aux bandes organisées est restée la principale menace pour la sécurité en Haïti, les groupes armés cherchant encore à étendre leurs zones d’influence, notamment dans le pôle métropolitain de Port-au-Prince. L’instabilité politique déclenchée par l’assassinat du Président Moïse le 7  juillet a  encore exacerbé les conflits entre bandes, tout en offrant à  ces groupes la possibilité de s’aligner sur des objectifs politiques et en permettant aux fauteurs de troubles de les exploiter pour servir leurs objectifs économiques et politiques. En conséquence, les bandes ont renforcé leur ancrage territorial et politique dans les zones stratégiques de Port-au-Prince et de ses environs, ce qui leur donne le pouvoir de bloquer à volonté les principales voies d’approvisionnement et les terminaux de carburant du pays.

14.        Dans un défi flagrant à l’autorité de l’État, des membres de l’alliance des bandes

« G9 » ont empêché le Premier Ministre Henry de tenir une cérémonie officielle dans le quartier de Pont-Rouge (département de l’Ouest) à Port-au-Prince, le 17 octobre,  en occupant la zone où l’événement devait avoir lieu. De même, le 1er janvier, des bandes armées aux Gonaïves (département de l’Artibonite) auraient ouvert le feu sur le Premier Ministre lors de la commémoration de la fête de l ’indépendance. L’incident, qui a été qualifié par plusieurs médias de tentative d’attentat contre le Premier Ministre, a suscité l’inquiétude générale et été sévèrement condamné par la communauté internationale.

15.        Dans le quartier de Martissant (département de l’Ouest), à Port-au-Prince, un conflit entre bandes fait rage depuis plus de six mois, les civils continuent d ’être délibérément et aveuglément pris pour cible. Le 1er décembre, des membres d’une bande ont attaqué un bus transportant 38 passagers dans le quartier, causant la mort  de quatre hommes et d’une femme et blessant grièvement 11 autres personnes. Plus


 

récemment, il s’est avéré que des bandes utilisaient des tireurs d’élite pour tirer aveuglément sur des civils dans des zones contestées.

16.        La période considérée a été marquée par une multiplication du nombre d’enlèvements contre rançon et d’homicides volontaires, qui ont augmenté respectivement de 180 % et 17 % par rapport à 2020, soit 655 enlèvements et 1 615 homicides signalés par la police. Les principaux auteurs d’enlèvements étaient des bandes opérant dans les quartiers sud de Port-au-Prince, notamment Martissant et  Village-de-Dieu, et autour des communes  de Croix-des-Bouquets  et Tabarre (département de l’Ouest). Les bandes de cette région ont accru l’ampleur et la gravité des attaques, dont certaines ont attiré l’attention des médias internationaux. Aucun groupe de la société n’a été épargné : les victimes comptaient des ouvriers, des commerçants, des responsables religieux, des professeurs, des médecins, des journalistes, des défenseurs des droits humains et des citoyens étrangers.

17.        Face à ces tendances, la Police nationale d’Haïti a entrepris des opérations renforcées de lutte contre les bandes organisées, qui ont donné des résultats limités, bien que parfois notables, comme l’arrestation de plusieurs chefs de bande connus. Les bandes ont ensuite riposté par des attaques violentes et coordonnées contre des commissariats à Pernier (Pétionville, département de l ’Ouest), le 15 novembre, et à Martissant, le 6 décembre. Une recrudescence des manifestations, marquée par 1 116 cas de troubles civils en 2021, soit une augmentation de  83,3 %  par  rapport  aux  612 cas de 2020, et des travaux supplémentaires après le séisme, notamment la sécurisation des installations gouvernementales et l ’escorte de l’aide humanitaire et des livraisons de carburant entre la mi-août et le mois de novembre, ont empêché la police nationale de lutter contre d’autres formes de criminalité. Entre-temps, l’action concertée des autorités nationales a permis la réouverture de certaines écoles dans des quartiers sévissaient les bandes, comme à La Saline, le 10 janvier, et à Cité-Soleil, le 17 janvier.

18.        Le Premier Ministre Henry a souligné qu’il importait de renforcer la Police nationale d’Haïti et d’améliorer l’efficacité des opérations de lutte contre les bandes par des approches plus équilibrées de la prévention et de l ’activité des forces de l’ordre. Cependant, malgré plusieurs changements à la tête de l ’institution, notamment la nomination d’un nouveau Directeur général par intérim, le 21 octobre, soit le troisième au cours des 30 derniers mois, les efforts visant à rendre opérationnelles les nouvelles stratégies de la police telles que celles découlant des évaluations récemment effectuées par des partenaires bilatéraux de la cellule contre enlèvement et de l’unité de lutte contre les bandes continuent de se heurter à de nombreux obstacles opérationnels et logistiques et au manque de ressources. Le Premier Ministre s’est engagé à améliorer les conditions de travail de la police tout  en demandant à la communauté internationale un soutien supplémentaire pour renforcer les capacités opérationnelles, la formation et les ressources en matériel. En outre, il a annoncé que différents ministères prendraient d’autres mesures de réduction de la violence de proximité en coordination avec la police nationale, notamment des programmes de travail contre rémunération, de formation professionnelle et de microcrédit.

19.        Plusieurs initiatives gouvernementales visant à améliorer la sécurité de la population ont progressé au cours de la période considérée, bien qu’elles aient été initialement bloquées en raison de la situation politique. La nomination du nouveau cabinet fin novembre a permis de relancer la diffusion de la stratégie nationale de désarmement, de démantèlement et de réinsertion qui avait été  approuvée en juillet, la finalisation du projet de loi sur les armes et les munitions, ainsi que l’action menée par l’ONU pour aider les autorités haïtiennes à mettre en place un cadre global de gestion des armes et des munitions, en collaboration avec le PNUD, le Centre régional


 

des Nations Unies pour la paix, le désarmement et le développement en Amérique latine et dans les Caraïbes et l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement. De même, la nomination, au sein du Bureau du Premier Ministre, d ’un coordonnateur national chargé d’associer tous les pouvoirs publics à la réforme de la sécurité et à la réduction de la violence de proximité, est une évolution bienvenue. Le Premier Ministre Henry a également rencontré les membres de la Commission nationale de désarmement, de démantèlement et de réinsertion pour la première fois  le 3 décembre et a exhorté les commissaires à poursuivre leur lutte contre la violence des bandes en dialoguant avec les populations locales.

20.        Pour soutenir l’action nationale de réduction de la violence de proximité, l ’ONU a poursuivi l’exécution de plusieurs projets financés par le Fonds pour la consolidation de la paix. En septembre, l’équipe de pays a informé la direction de la police des résultats d’une évaluation des besoins de la police en matière de gestion des armes et des munitions, y compris une proposition de directives, d’instructions permanentes et d’outils de gestion. Le 29 septembre, la police a demandé que le projet soit mis en œuvre et qu’il soit axé dans un premier temps sur le renforcement de l’armurerie centrale et l’amélioration de la gestion des permis de port d’armes pour les civils. Dans les quartiers de Port-au-Prince, Martissant et La Saline, qui sont contrôlés par les  bandes,  13 plateformes  communautaires,  comptant  désormais 274 responsables communautaires (dont 40 % de femmes et 30 % de jeunes), ont été mises en place pour renforcer l’action locale en matière de développement socioéconomique. À La Saline, le Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS) a également mené des activités à haute intensité de travail qui ont  rapporté  15 jours  de  salaire  à  près  de  1 000   bénéficiaires  (dont  environ 380 femmes) à la fin de l’année. Un appui a été apporté aux activités de médiation dans les zones touchées par les bandes, la Commission nationale de désarmement, de démantèlement et de réinsertion et l’organisation de la société civile Lakou Lapè ont tenu plusieurs réunions avec les responsables des communautés locales pour discuter des initiatives de cessez-le-feu. Les spécialistes de la médiation ont également ouvert un dialogue à Village-de-Dieu pour discuter de la faisabilité du retour pour les personnes déplacées par la violence des bandes.

21.        L’initiative Spotlight a continué de soutenir les organisations de la société civile et les institutions gouvernementales pour améliorer l’accès aux soins des rescapés de violence. Jusqu’à présent, 7 194 femmes et filles rescapées de violences ont bénéficié de services essentiels intégrés dans les départements de la Grande-Anse, du Nord-Est, du Sud et de l’Ouest. En outre, 42 025 adolescentes et adolescents ont bénéficié de séances de prévention de la violence fondée sur le genre. L’achèvement, en décembre, d’une analyse de l’environnement juridique a permis de repérer, dans les lois en vigueur, les dispositions discriminatoires qui contribuaient à la violence envers les femmes et les filles. L’ONU continue d’aider les autorités nationales à renforcer le cadre juridique, conformément aux recommandations internationales, pour prévenir et combattre la violence de genre.

 

IV.           Sécurité et état de droit (objectif 3)

22.        Plus de sept mois après l’assassinat du Président Jovenel Moïse, le 7 juillet, l’enquête et les poursuites judiciaires demeurent laborieuses. De nouvelles allégations et rumeurs alimentent l’inquiétude du public et la controverse persistante sur les circonstances de l’assassinat. En dépit des problèmes de sécurité qui continuent de se poser dans les environs du tribunal de première instance de Port-au-Prince, aggravés par la perturbation générale des affaires due à la crise aiguë du carburant d’octobre et novembre, le juge d’instruction a réussi à entendre une trentaine de suspects et de témoins, y compris l’ancienne Première Dame, Martine Moïse, le 6 octobre 2021.


 

Quatre suspects clés ont été appréhendés hors d’Haïti depuis octobre. Deux d’entre eux ont été inculpés et sont actuellement détenus aux États-Unis, tandis que les deux autres sont en attente d’extradition, respectivement depuis la Turquie et la République dominicaine. Toutefois, le 22 janvier, le juge chargé de l’enquête a annoncé qu’il se retirait de l’affaire, sur fond d’allégations de corruption qui ont conduit le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire à ouvrir une enquête à son encontre.

23.        L’opinion publique continue d’attendre du Gouvernement qu’il s’attaque rapidement à la détérioration des conditions de sécurité dans le pays, qui a été marquée par une augmentation spectaculaire du nombre d’homicides et d’enlèvements contre rançon en 2021. Les autorités haïtiennes et les partenaires internationaux restent mobilisés pour soutenir les efforts de la police dans la lutte contre les bandes organisées et la mise en œuvre de réformes internes. Le 21 octobre, le Premier Ministre, en plus de nommer un nouveau chef intérimaire de la Police nationale d’Haïti, a alloué 1 million de dollars supplémentaires à l’institution pour soutenir ses opérations de lutte contre les bandes et ses activités de renseignement. Entre -temps, plusieurs unités spécialisées ont continué à recevoir une formation et un soutien logistique de la part de partenaires bilatéraux, et la mise en place de plusieurs mesures administratives a contribué à régler des problèmes liés au mécontentement dans les rangs des forces de police qui avait été signalé en 2020 et au premier semestre 2021.

24.        Sur cette lancée, la Police nationale d’Haïti s’emploie à déterminer d’autres besoins urgents qui seront pris en compte dans une stratégie d’intervention rapide et  à court terme visant à engager des réformes qui permettront de remédier aux carences constatées dans les capacités opérationnelles et administratives de la force. Ces mesures pourraient être soutenues par la création d’un fonds commun administré par le PNUD. Des initiatives sont également en cours d’élaboration afin de donner suite aux conclusions du rapport de l’audit effectué en 2021 par l’Inspection générale du Ministère de l’économie et des finances sur la gestion administrative et financière de la police. Certaines d’entre elles seront intégrées à l’élaboration du prochain plan de développement stratégique pluriannuel de la police nationale. Lors de la réunion ministérielle virtuelle sur Haïti organisée par le Canada le 21 janvier, les partenaires ont convenu de renforcer leur soutien actuel et futur au secteur de la sécurité, notamment à la Police nationale d’Haïti, afin de lutter contre l’insécurité dans le pays.

25.        Malgré des signes de progrès, la Police nationale d’Haïti continue d’essuyer des pertes d’effectifs. L’attrition progressive des effectifs, estimée à 1 692 agents depuis 2017, représente un défi majeur pour la force, qui comptait 15 497 agents, dont 1 711 femmes, au 5 janvier 2022, dont environ 10 % étaient suspendus ou inactifs. La remise des diplômes à 631 nouveaux agents de police, dont 132 femmes, de la trente et unième promotion de l’académie de police, le 17 décembre, a partiellement compensé les pertes. Pour augmenter le nombre de femmes recrutées, des sessions de renforcement des capacités pour les candidates ont été organisées dans plusieurs départements en 2021, dans le cadre d’un projet d’intégration des questions de genre soutenu par le Canada. À la suite de la remise des diplômes du 17 décembre, le ratio de policiers pour 1 000 habitants a légèrement augmenté pour atteindre 1,3, mais il reste très inférieur à la norme internationale de 2,2 agents pour 1 000 habitants.

26.        Malgré la prestation de serment des nouveaux membres du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, le 1er octobre, l’appareil judiciaire haïtien continue de présenter  de graves déficiences structurelles. La lenteur avec laquelle les mandats des juges sont renouvelés, seulement 10 en décembre et janvier, après l’expiration du mandat d’environ 70 % des juges d’instruction du pays en décembre 2021, continue d’entraver la capacité des tribunaux à traiter et à juger les affaires. En outre, peu de mesures ont été prises pour préparer l’entrée en vigueur du code pénal et du code de procédure pénale en juin 2022 ou pour réfléchir avec les parties prenantes nationales


 

sur les questions conflictuelles non réglées qui bloquent la progression de la réforme judiciaire.

27.        Après avoir réaffirmé que la réduction de la détention provisoire resterait une priorité absolue de l’exécutif, le nouveau Gouvernement a demandé aux procureurs de faire en sorte d’augmenter le nombre d’audiences et d’exécuter rapidement les décisions judiciaires. Au cours de la période considérée, la reprise des audiences correctionnelles dans la juridiction  de  Port-au-Prince  a  permis  la  libération  de 284 personnes, dont 22 femmes et 2 mineurs, des prisons les plus surpeuplées du pays. Néanmoins, le taux de détention arbitraire et illégale dans les prisons est resté extrêmement élevé, soit 81 %.

28.        Dans ce contexte, l’ONU a continué à soutenir les travaux du Conseil national d’assistance légale et la mise en œuvre de la législation sur l ’aide juridique. En 2021, les sept bureaux  d’aide  juridique  décentralisés  en activité  ont  pris  en  charge  622 affaires, ce qui a conduit à 504 libérations et 118 condamnations. Pour tirer parti de ces progrès, le 21 décembre, le BINUH et le PNUD ont coorganisé un forum sur  les besoins d’aide juridique des groupes vulnérables de la  population. Le forum, qui  a été partiellement financé par des fonds extrabudgétaires du Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix, a offert aux parties prenantes une occasion cruciale d’améliorer leur collaboration et leur communication et de formuler des recommandations pour améliorer l’accès à l’aide juridique.

29.        Au 19 janvier, les prisons haïtiennes comptaient au total 11 003 détenus, dont 387 femmes, 237 garçons et 18 filles, et leur taux d’occupation global était estimé à 322 %, et 9 005 détenus étant en attente de jugement. Le problème de la surpopulation carcérale, qui fait que certaines prisons accueillent actuellement cinq fois plus de détenus que le nombre pour lequel elles sont conçues, a été exacerbé par le déplacement de centaines de personnes détenues dans trois prisons du sud du pays qui ont subi d’importants dégâts lors du tremblement de terre du 14 août. En raison notamment de la crise du carburant, les conditions de détention se sont détériorées au dernier trimestre de 2021. Tout au long de la crise du carburant, les 18 prisons du pays ont peiné à fournir des repas aux détenus et à répondre à leurs besoins de base, ce qui a entraîné plusieurs cas de malnutrition grave. En outre, le décès, le 17 novembre, d’un détenu du Pénitencier national, qui aurait souffert de complications liées à la maladie à coronavirus (COVID-19), a soulevé des questions quant à l’adéquation de l’équipement et du personnel médical dans une prison qui abrite un tiers de la population carcérale totale d’Haïti mais  ne  compte  que  11  travailleurs  sanitaires (1 pour 334 détenus). Le 31 décembre, une tentative d’évasion de la prison de Croix-des-Bouquets a entraîné la mort de 10 détenus et d’un policier.

30.        Afin de remédier aux conditions de détention, le Directeur général par intérim  de la Police nationale d’Haïti a nommé, le 10 novembre, un nouveau directeur de l’administration pénitentiaire le cinquième en 11 mois qui s’est rapidement attelé, aux côtés du Ministère de l’économie et des finances et d’autres parties prenantes, à  la tâche de rétablir d’urgence l’approvisionnement des prisons en nourriture. Le Ministère de la santé publique et de la population a réussi à éviter une grave épidémie de COVID-19 dans le Pénitencier national en désinfectant les cellules de la prison et en imposant des mesures d’isolement. Toutefois, aucune campagne de vaccination globale dans les prisons n’a encore été lancée. Les partenaires techniques et financiers ont continué à soutenir les autorités pénitentiaires dans la mise en place d ’un centre de données sur la gestion de la détention un outil essentiel pour accélérer le traitement des détenus en attente de jugement et dans la réhabilitation de la prison de Petit-Goâve (département de l’Ouest), un projet d’infrastructure pénitentiaire essentiel visant à soulager la surpopulation qui a été retardé en raison du tremble ment de terre du 14 août.


 

31.        La corruption profondément enracinée reste un obstacle important à la gouvernance et à la cohésion sociale en Haïti. L’équipe de pays des Nations Unies a mis au point une double intervention au moyen du Fonds pour la consolidation de la paix et d’une initiative plus vaste avec d’autres partenaires internationaux clés. Le premier volet consiste en un projet de 3 millions de dollars dirigé par le PNUD et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) en coordination avec des entités gouvernementales et la société civile. Lancé en décembre 2021 pour une durée de deux ans, le projet se concentre sur le renforcement de la cohésion sociale et des relations entre l’État et la société à travers des mécanismes de lutte contre la corruption. Le deuxième volet consiste en un processus mené par le PNUD, l’ONUDC, l’UNOPS et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) visant à diagnostiquer les effets néfastes de la corruption sur la paix et le développement, à établir une définition commune de la corruption et à jeter les bases d’une stratégie globale conjointe de lutte contre la corruption.

 

V.          Droits humains (objectif 4)

32.  Parallèlement à l’expansion de l’influence des bandes organisées, les violations des droits humains liées à la violence armée se sont multipliées dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Plus de 500 personnes, dont 40 femmes et des enfants dont certains âgés de 5 ans seulement, ont été tuées entre le  1er  septembre et le 31 décembre. La violence sexuelle, les viols et l’esclavage sexuel auraient également été utilisés par les bandes comme moyens de terroriser et d’affirmer leur contrôle sur la population locale. Chaque mois, des dizaines de viols, d’agressions et d’enlèvements seraient commis à l’encontre de filles et de femmes rentrant de l’école ou utilisant les transports publics. Les atteintes sexuelles sur la personne de jeunes hommes servent aussi souvent des rituels d’initiation pour certaines bandes. Compte tenu de l’environnement coercitif qui prédomine dans les communautés pauvres,   la peur est un facteur de vie fréquent, les spécialistes des droits humains estiment que l’ampleur réelle de la violence sexuelle reste largement sous-déclarée.

33.        Dans ce contexte sombre, les institutions de l’État ont encore des difficultés à prendre des mesures pour garantir la sécurité des personnes et faire respecter les normes internationales en matière de droits humains. La protection des droits humains est de plus entravée par des bandes qui utilisent parfois les uniformes et le matériel  de la Police nationale d’Haïti pour commettre des crimes comme lors du pillage et de l’incendie du sous-commissariat de Martissant, le 6 décembre dans le but de semer la confusion et de perpétuer la méfiance envers les autorités. En outre, l ’État n’a toujours pas de mesures adéquates en place pour protéger les défenseuses et défenseurs indépendants des droits humains, les journalistes et les autres personnes qui s’expriment publiquement et font l’objet de menaces et d’intimidation. Au cours de la période considérée, deux journalistes ont été exécutés par des éléments de bandes présumés alors qu’ils enquêtaient sur des faits de violence armée à la périphérie de la commune de Pétionville. En outre, quatre défenseurs des droits humains, quatre journalistes, un juge, un avocat, un médecin et un policier ont été enlevés, menacés ou intimidés. Les autorités nationales n’ont pas fait grand-chose au sujet de ces affaires.

34.        Parallèlement, l’Inspection générale de la Police nationale d’Haïti a enregistré des plaintes concernant 36 policiers impliqués dans des violations des droits humains, dont au moins 15 concernaient des allégations d’homicides illégaux. Parmi ces enquêtes, sept ont été clôturées et soumises par la suite au Directeur général pour des mesures disciplinaires. Le faible nombre d’enquêtes menées à bien s’explique en partie par l’insécurité qui règne autour du siège de l’Inspection, dans le centre-ville  de Port-au-Prince, et qui éloigne les victimes et les agents des lieux. L’insuffisance des moyens opérationnels pour mener les inspections, la faiblesse des salaires des agents et l’incapacité d’offrir une protection nuisent également aux capacités de contrôle de l’Inspection. Pendant la période à l’examen, au moins 10 policiers ont été tués lors d’assassinats ciblés,  dont  3  policiers  qui  étaient  en  service.  En  outre,  28 agents ont été blessés, dont 15 étaient en service.

35.        L’appareil judiciaire haïtien a continué de se heurter à des obstacles importants qui l’ont empêché de rendre véritablement justice aux victimes de violations des droits humains. Malgré les efforts de sensibilisation déployés par la société civile et le BINUH, aucun progrès digne de ce nom n’a été enregistré dans les cas emblématiques des massacres de Grande Ravine ( 2017), La Saline  (2018)  et  Bel-Air (2019). Les principaux suspects dans certains de ces meurtres, dont le chef  de l’alliance des bandes « G9 », continuent d’échapper à la justice malgré leur présence dans des marches publiques et leurs apparitions dans les médias. Par ailleurs, lors d’un cambriolage survenu le 27 octobre au tribunal de première instance de Port-au-Prince, des documents confidentiels relatifs à l’enquête sur l’assassinat de Monferrier Dorval en août 2020 auraient été dérobés.

36.        Les populations touchées par la violence des bandes continuent d’être déplacées. À la fin du mois de janvier 2022, plus de 16 500 personnes, dont quelque 11 850 femmes et enfants, se trouvaient toujours en situation de déplacement à la violence dans des zones telles que Bas-Delmas, Martissant et le centre-ville de Port-au-Prince, et vivaient dans des sites de fortune, des bâtiments publics ou chez des proches. En plus de ces déplacés urbains, plus de 30 100 personnes restaient déplacées dans les trois départements les plus touchés par le séisme (Grande-Anse, Nippes et Sud). Grâce à un processus concerté et participatif d’évaluation des besoins après une catastrophe, soutenu par l’ONU, sous la direction du Coordonnateur résident et de partenaires, l’État a fait le point sur les droits et les besoins de protection des groupes vulnérables, en particulier des personnes vivant avec un handicap, qui risquent le plus d’être laissées pour compte pendant la phase de relèvement.

37.     Au cours de la période considérée, les autorités haïtiennes, assistées par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et des organisations humanitaires non gouvernementales, ont continué à enregistrer un grand nombre d’Haïtiennes et Haïtiens rapatriés depuis d’autres pays de la région. Au total, plus de 16 390 migrantes et migrants d’origine  haïtienne ont  été expulsés par voie aérienne et maritime. Depuis septembre, le rapatriement des migrantes et migrants haïtiens a attiré l’attention de la communauté internationale, incitant les organismes des  Nations Unies à publier un communiqué commun appelant à des mesures de protection et à une approche régionale globale de la question. La situation migratoire a donné lieu à plusieurs visites de haut niveau des autorités américaines en Haïti et dans la région, ce qui a créé des occasions supplémentaires de dialogue sur une approche commune de la crise haïtienne.

38.        En outre, au moins 10 700 nationaux haïtiens ont été expulsés par voie terrestre de la République dominicaine, parmi lesquels des centaines de femmes enceintes et allaitantes. Du 8 au 13 novembre, le Premier Ministre Henry a dépêché en République dominicaine un envoyé spécial chargé de rencontrer un large éventail de hauts fonctionnaires dominicains et de parties prenantes, notamment des migrantes et migrants haïtiens, des groupes de la société civile, des diplomates, le clergé catholique et l’équipe de pays des Nations Unies, et de réaffirmer les relations solides entre les deux pays à tous les niveaux.

39.        En décembre, le Gouvernement haïtien a soumis son rapport national au Conseil des droits de l’homme au titre du troisième cycle de l’Examen périodique universel, dans le cadre duquel la situation des droits humains en Haïti sera examinée début 2022. Des représentantes et représentants des institutions nationales des droits humains, de la société civile et du corps diplomatique ont été invités à participer à  une réunion de présession pour discuter de la situation préalablement à l’examen.

40.        Les activités visant à établir un bureau national du HCDH  se  sont poursuivies et ont reçu des réactions positives de la part des partenaires nationaux et internationaux. L’ouverture d’un bureau national permettrait de continuer à soutenir les autorités nationales, la société civile et les populations locales afin de garantir le respect, la protection et la réalisation des droits humains en Haïti.

 

VI.            Chômage, jeunesse et groupes vulnérables (objectif 5)

41.        La situation économique d’Haïti reste préoccupante. Alors que les niveaux de pauvreté étaient déjà élevés, l’insécurité permanente, l’instabilité politique et les problèmes de gouvernance, récemment exacerbés par des pénuries d’approvisionnement à l’échelle mondiale, ont fait peser de lourdes contraintes supplémentaires sur la population.

42.        Dans l’ensemble, la situation macroéconomique du pays demeure problématique. On estime que le produit intérieur brut (PIB) réel pour 2021 s’est contracté de 0,9 % pour la troisième année consécutive (après des contractions de 3,3 % en 2020 et de  1,7 % en 2019). Le recours important du Gouvernement à l’emprunt, qui représente environ 80 % de l’écart budgétaire entre les recettes et les dépenses, associé aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement, a eu pour effet combiné d’injecter plus d’argent dans l’économie tout en réduisant les possibilités de dépenses. Les Haïtiennes et Haïtiens ont donc subi une hausse des prix, l ’inflation en glissement annuel ayant atteint environ 19 % en octobre 2021. Toutefois, un déficit de la balance courante de 0,3 % du PIB est estimé pour 2021, contre un excédent de 3,4 % en 2020.

43.        Les autorités ont cherché à remédier à la baisse des recettes fiscales et à contenir le déficit budgétaire, estimé à 2,7 % du PIB en 2021. Signe des difficultés financières de l’État, le Gouvernement a modifié le budget national 2020/21 fin  septembre, ce qui risque de compromettre la capacité de l’État à financer l’exécution du plan de relance post-COVID. La réforme du prix des carburants adoptée par le Gouvernement le 10 décembre autre mesure visant à remédier à la situation budgétaire précaire de l’État devrait permettre d’économiser quelque 300 millions de dollars en subventions. Cela représente 2 % du PIB et près d’un tiers des recettes perçues.

44.        Le 23 août, le Fonds monétaire international a permis aux autorités haïtiennes d’accéder à des droits de tirage spéciaux pour un montant d’environ 224 millions de dollars. Cette initiative a permis d’alléger le  fardeau financier du Gouvernement et de maintenir les réserves internationales nettes et brutes à 4,9 mois des importations prévues. Cependant, entravé par un manque de réforme de la gouvernance et l’absence d’un programme à plus long terme soutenu par le Fonds, l ’aide financière extérieure s’est tarie depuis 2019. En décembre 2021, le pourcentage de prêts non productifs (ou prêts en défaut) était resté globalement stable à environ 7,5 %, mais il faut des informations supplémentaires pour évaluer de façon complète les risques sous-jacents relatifs au crédit, aux opérations, au marché et aux liquidités avec lesquels les éventuelles banques prêteuses doivent compter.

45.        Après les interventions de l’ancien Gouvernement en 2020 sur le marché des changes, qui ont entraîné une forte appréciation de la gourde, le taux de change s ’est progressivement déprécié. En conséquence, le Fonds monétaire international a travaillé avec les autorités pour encourager une plus grande souplesse du taux de change, ainsi que pour soutenir les réformes qui renforceront la gouvernance des marchés publics. À cet égard, des progrès ont récemment été accomplis avec la publication d’un nouveau décret sur la transparence des marchés publics, qui prévoit l’obligation de divulguer le nom des propriétaires des entreprises sélectionnées pour les marchés publics.

46.        Pendant la période à l’examen, l’équipe de pays des Nations Unies a continué à appliquer sa nouvelle approche axée sur le renforcement des capacités des institutions nationales à élaborer et mettre en œuvre des politiques publiques intégrées visant à remédier aux problèmes persistants en matière de développement. Sous la direction  du Représentant spécial adjoint, Coordonnateur résident et Coordonnateur de l ’action humanitaire, sept organismes se sont réunis pour soutenir le groupe de travail du Gouvernement afin de rendre opérationnelle la politique nationale de protection et de promotion sociale, qui vise à réduire les inégalités économiques, sociales et institutionnelles, et à contribuer ainsi à l’édification d’une société plus juste et inclusive. Des échanges entre les ministères compétents et les institutions financières internationales sur les aspects financiers de cette entreprise sont également en cours. Sous la coordination générale de la Commission nationale de la sécurité alimentaire, l’équipe de pays des Nations Unies a engagé un processus similaire pour appuyer la mise en œuvre de la politique nationale de souveraineté alimentaire, de sécurité alimentaire et de nutrition.

47.        En outre, afin de promouvoir un modèle économique plus efficace et inclusif en Haïti, l’équipe de pays des Nations Unies a entamé des consultations avec les partenaires gouvernementaux concernés et les personnes ressources du milieu universitaire, du secteur privé et de la société civile au sujet d’un programme de transformation économique. L’objectif global est de formuler et d’appliquer conjointement une feuille de route pour les réformes économiques afin de contribuer  à la réduction des inégalités socioéconomiques horizontales, tout en favorisant la consolidation de la paix.

48.        Le soutien ciblé à l’autonomisation économique des femmes, la lutte contre la discrimination et l’élimination des obstacles à la mobilité sociale restent des priorités essentielles de l’équipe de pays pour aider Haïti à continuer de progresser sur la voie du développement durable. En janvier, les bénéficiaires du programme d’entrepreneuriat de l’Institut national de formation professionnelle, soutenu par l ’ONU, comptaient 650 filles issues des quartiers les plus défavorisés, ainsi que 50 entreprises appartenant à des femmes. La discrimination fondée sur le genre demeure cependant préoccupante. Une enquête menée au titre du cadre national intégré pour le financement du développement durable, publiée en octobre, a révélé que 38 % des femmes avaient  fait état de discrimination lors de leur recherche d’emploi.

 

VII.             Services sociaux de base et résilience des ménages (objectif 6)

49.        Les déficits de développement, les effets à long terme des catastrophes  naturelles et la détérioration des conditions de sécurité ont exacerbé les besoins humanitaires urgents en  Haïti.  Pendant les trois  mois  qui ont  suivi  le  séisme du  14 août dont on estime qu’il a causé des dommages et des pertes équivalant à 11 % du PIB du pays – le Gouvernement et les partenaires humanitaires ont aidé quelque 450 000 personnes dans trois zones touchées, malgré les problèmes d’accès humanitaire posés par la pénurie de carburant et la violence des bandes entre octobre et mi-novembre. En effet, pendant cette période, on estime que deux tiers des acteurs humanitaires ont été contraints de réduire leurs opérations, ce qui a empêché l’acheminement de l’aide à environ 700 000 personnes dans tout le pays. À ce jour,  de larges segments de la population piégés dans les territoires contrôlés par les bandes restent hors de portée des agents humanitaires.


 

50.   Au 21 janvier, l’appel éclair à dons de 187,3 millions de dollars lancé pour dispenser une aide vitale d’urgence aux personnes les plus vulnérables identifiées comme ayant besoin d’aide dans les zones touchées était financé à 43,4 %, tandis que le plan de réponse humanitaire de 2021 n’avait reçu que 28 % des fonds nécessaires. Cette année, le nombre d’Haïtiennes et Haïtiens ayant besoin d’aide humanitaire devrait atteindre 4,9 millions (43 % de la population), soit une augmentation de 11 % par rapport à 2021.

51.        Au lendemain du  tremblement  de  terre  d’août,   l’équipe  de  pays  des  Nations Unies a agi rapidement pour aider le Gouvernement à rétablir les services essentiels. Le 4 octobre, le Ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle a engagé une action symbolique de « retour à l’école » pour aider environ 300 000 enfants à reprendre progressivement leur scolarité dans les trois départements touchés par le séisme. Les efforts conjoints des organismes  des  Nations Unies ont permis de construire des espaces d’enseignement temporaires, de distribuer des fournitures scolaires, de dispenser un soutien psychosocial et d’effectuer des transferts en espèces. Au moins 230 écoles de ces départements ont reçu une aide, mais 1 019 autres écoles sont encore dans le besoin. Pour assurer la protection des personnes déplacées par le tremblement de terre, des activités de sensibilisation axées sur la prévention de la séparation des enfants et de l’exploitation et de la traite des enfants ont été menées à l’intention de plus de 10 000 bénéficiaires.

52.        Sous la direction du Bureau du Premier Ministre et sous la supervision technique du Ministère de la planification et de la coopération externe, et avec le soutien de l’ONU, de l’Union européenne, de la Banque mondiale et de la Banque interaméricaine de développement, un rapport d’évaluation des besoins après la catastrophe a été remis dans les six semaines suivant le tremblement de terre, les ressources nécessaires au relèvement ayant été estimées à près de 2 milliards de dollars, soit 76 % attribués aux  secteurs sociaux, y  compris le  logement, suivis de  10 % pour les secteurs productifs et de 9 % pour le secteur des infrastructures. Sur la base de cette évaluation, et avec le soutien des partenaires, un cadre de relèvement a été élaboré sous la direction du Ministère. Avec le concours de l ’ONU, le Gouvernement haïtien accueillera, le 16 février 2022 à Port-au-Prince, une manifestation internationale de haut niveau sur la reconstruction d’Haïti afin d’obtenir le soutien nécessaire à l’exécution du plan intégré de reconstruction postséisme pendant les quatre prochaines années. Le Gouvernement a demandé à l’ONU de créer un fonds d’affectation spéciale pluripartenaire aux fins du processus de reconstruction postséisme.

53.        L’équipe de pays des Nations Unies, en étroite coordination avec le Gouvernement, a continué d’appuyer la fourniture de services sociaux de base dans tout le pays, en particulier aux enfants et aux femmes. Des services de santé procréative ont été dispensés à 320 141 femmes pendant la période considérée, notamment des services de planification familiale, des soins prénatals et postnatals, des accouchements assistés, des soins postavortement et la prise en charge des patients vivant avec le VIH ou d’autres infections sexuellement transmissibles. À la fin du mois de décembre, ces interventions avaient assisté plus de 29 535 naissances, donné lieu à 55 193 consultations prénatales du premier trimestre et contribué à réduire le nombre de décès maternels évitables. Un centre de santé maternelle doté d’une installation chirurgicale complète a été ouvert à Anse-à-Pitres (département du Sud-Est), à  la frontière avec la République dominicaine. Au  31 décembre, plus de     6 328 personnes, dont 3 737 femmes et filles et 1 412 enfants de moins de 10 ans, avaient bénéficié de consultations et de traitements médicaux dans des cliniques mobiles intégrées soutenues par l’ONU.


 

54.        Conformément aux priorités nationales, l’équipe de pays des Nations Unies a aidé le Ministère de la santé publique et de la population à élaborer des plans opérationnels pour sa stratégie de santé communautaire 2021-2031 afin d’améliorer l’offre de soins aux populations vulnérables. L’une des priorités du plan concerne les sages-femmes, car seuls 15 % des besoins actuels du pays en la matière sont satisfaits, alors que la demande de sages-femmes est pourtant en hausse. En partenariat avec l’Université d’État d’Haïti et le Ministère de la santé publique et de la population, l’équipe de pays a soutenu le renforcement des capacités et le déploiement des sages-femmes et la réglementation de leurs activités, y compris le recrutement de personnel pour la Faculté des sages-femmes. Trois centres de formation régionaux seront ouverts à Port-au-Prince, aux Cayes (département du Sud) et à Limonade (département du Nord), dans le but de former environ 120 sages-femmes par an pour répondre aux besoins croissants.

55.        La situation afférente à la pandémie de COVID-19 en Haïti reste préoccupante. Pendant la période considérée, le pays est sorti d’une quatrième vague d’infections et se préparait à une nouvelle vague potentielle due au variant omicron. La crise du carburant a entravé l’accès aux soins hospitaliers et leur fourniture, notamment l’oxygénothérapie pour les patients souffrant d’infections graves. Malgré ces difficultés, les activités de surveillance et de dépistage de la COVID -19 et la riposte se sont poursuivies. Un total de 38 785 tests de laboratoire ont été effectués entre le 1er octobre 2021 et le 14 janvier 2022, ce qui a permis de confirmer 5 700 nouveaux cas. En outre, 151 décès ont été signalés. La vaccination contre la COVID-19 s’est également poursuivie, bien que lentement, en raison de problèmes opérationnels et d’une faible demande. Au 14 janvier, la couverture vaccinale globale de la population éligible n’était que de 1,7 % pour la première dose et de 1,1 % pour la vaccination complète. On s’attend à une augmentation du nombre de vaccinations en février et mars, car les efforts de communication s’intensifient pour répondre à l’hésitation à se faire vacciner et stimuler la demande.

56.        Enfin, selon le dispositif de surveillance actuel, aucun cas confirmé de choléra n’a été signalé en Haïti depuis janvier 2019. Le Gouvernement haïtien organise un colloque scientifique dans le courant du mois de février pour marquer le troisième anniversaire du dernier cas confirmé. Le colloque offrira l ’occasion de présenter les progrès accomplis en Haïti dans le contrôle de l’épidémie de 2010 à 2019, les enseignements tirés et un plan à moyen terme pour l ’éradication durable du choléra.

 

VIII.              Faits nouveaux concernant l’évaluation du mandat du BINUH

57.        Le 29 décembre, le Secrétaire général a nommé M. Mourad Wahba (Égypte) comme expert indépendant chargé de diriger l’évaluation du mandat du BINUH demandée par le Conseil de sécurité dans sa résolution 2600 (2021). L’équipe en charge de l’évaluation a effectué sa première visite en Haïti du 21 au 27 janvier. Les conclusions de l’évaluation devraient être transmises au Conseil de sécurité d’ici la mi-avril.

 

IX.             Exploitation et atteintes sexuelles

58.        Pendant la période du 1er septembre au 31 janvier, le BINUH n’a enregistré aucune nouvelle allégation d’exploitation ou d’atteintes sexuelles, le décompte ayant commencé à la date du déploiement de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH).


 

59.        Conscient des risques accrus d’exploitation et d’atteintes sexuelles dans le contexte d’une réponse humanitaire de grande envergure, le réseau de protection contre l’exploitation et les atteintes sexuelles, sous la direction du Coordonnateur résident et Coordonnateur de l’action humanitaire, a mené une campagne de prévention à plusieurs volets. L’action du réseau reste indispensable, mais les fonds reçus sont insuffisants pour financer le poste de coordonnateur ou coordonnatrice du réseau, ce qui met en péril les progrès réalisés.

60.        Avec le  soutien du Coordonnateur résident, de l’OIM et  du PNUD, le BINUH et la spécialiste hors classe des droits des victimes ont mis en place des programmes d’assistance pour 36 enfants nés d’exploitation ou d’atteintes sexuelles commises par le personnel de la MINUSTAH, et pour leurs mères. La spécialiste hors classe des droits des victimes a également intensifié ses activités de sensibilisation auprès des États Membres afin d’accélérer le règlement des questions de paternité et des pensions alimentaires pour enfants.

61.        Le BINUH a pris note des signalements selon lesquels des victimes d’exploitation et d’atteintes sexuelles commises par d’anciens membres du personnel de la MINUSTAH ne se seraient pas manifestées parce qu’elles n’auraient pas confiance dans les mécanismes de l’ONU chargés de faire appliquer le principe de responsabilité et de fournir une assistance. Il s’est engagé à instaurer une culture de la responsabilité, y compris pour les manquements passés, et a poursuivi son action de sensibilisation externe pour encourager les victimes à signaler les faits. Le fonds d’affectation spéciale en faveur des victimes d’exploitation et d’atteintes sexuelles est indispensable pour pouvoir apporter une assistance à long terme aux victimes en Haïti.

 

X.           Observations

62.        La polarisation persistante de la vie politique haïtienne continue d’empêcher l’instauration du climat de confiance, de tolérance et de dialogue nécessaire à l’organisation d’un processus électoral pacifique, crédible et transparent. À cet égard, je me félicite de l’engagement continu du Premier Ministre Henry à favoriser le dialogue afin d’élargir davantage le consensus et la vision commune. J’exhorte tous les Haïtiens et Haïtiennes à s’entendre sur un projet national qui facilitera la restauration des institutions démocratiques nationales et remettra le pays sur la voie de la stabilité politique, de la bonne gouvernance et du développement inclusif.

63.        Je condamne avec la plus grande fermeté la montée alarmante de la violence dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, qui illustre tristement le fléau que représentent les bandes pour la société haïtienne. Les actes de ces groupes criminels armés ont eu un impact catastrophique sur l’économie d’Haïti et menacent les droits fondamentaux de tous les citoyennes et citoyens haïtiens, notamment le droit à la vie, à la liberté de mouvement, au travail, aux soins de santé et à l ’éducation.

64.        La principale institution responsable de la sécurité de tous les Haïtiens et Haïtiennes, la Police nationale d’Haïti, est entravée par des déficiences de développement, un manque chronique de matériel et une pénurie de soutien logistique et financier. Il est essentiel que les autorités haïtiennes, les partenaires bilatéraux et les institutions multilatérales conçoivent de toute urgence une approche efficace et collaborative pour assurer la professionnalisation continue de la police nationale et promouvoir les effectifs féminins. À cette fin, les expressions de soutien émises lors de la réunion ministérielle internationale sur Haïti tenue le 21 janvier sont encourageantes, et j’attends avec intérêt que la dynamique qu’elle a générée en faveur du renforcement de cette importante institution porte ses fruits.


 

65.        Les problèmes de sécurité d’Haïti ne peuvent être réglés efficacement par le seul maintien de l’ordre. Il convient de compléter l’action répressive par une volonté politique claire, une transformation socioéconomique et des activités de réinsertion visant à générer des emplois et des revenus dans tout le pays, et plus particulièrement dans les quartiers les plus touchés par la violence des bandes. Les autorités haïtiennes ont adopté une stratégie nationale de réduction de la violence de proximité fond ée sur une telle approche holistique, et elles doivent maintenant veiller à ce qu’elle soit rapidement et intégralement mise en œuvre dans le cadre d’une action faisant intervenir l’ensemble des pouvoirs publics. À cet égard, je me félicite des mesures prises par le  Gouvernement pour redynamiser les initiatives locales de réduction de  la violence, notamment par la nomination d’un coordonnateur national chargé de superviser cet effort. L’ONU est prête à appuyer la poursuite de ce processus en apportant des conseils et des compétences techniques et en utilisant de façon stratégique le financement fourni par le Fonds pour la consolidation de la paix .

66.        Il faut également des efforts soutenus pour s’attaquer aux problèmes chroniques qui gangrènent l’appareil judiciaire haïtien. J’encourage les autorités nationales à continuer à donner la priorité à la lutte contre la détention provisoire prolongée et à appliquer pleinement la législation sur l’aide juridique en créant des bureaux d’aide juridique dans les 18 juridictions du pays. J’exhorte en outre le Gouvernement à surmonter l’impasse dans laquelle se trouve la mise en œuvre des principales réformes du secteur de la justice, et en particulier à redoubler d’efforts pour faciliter et appuyer l’entrée en vigueur, en temps opportun, du code pénal et du code de procédure pénale.

67.        Parallèlement, il reste crucial que les institutions haïtiennes deviennent plus transparentes et responsables. À cette fin, j’engage vivement le Gouvernement haïtien à poursuivre son action pour que les mécanismes de contrôle et les institutions judiciaires s’attaquent efficacement à la corruption, luttent contre l ’impunité et veillent à ce que les auteurs de crimes emblématiques et de l ’assassinat du Président Moïse soient rapidement traduits en justice.

68.        Grâce à une approche énergique fondée sur l’initiative « Unité d’action des Nations Unies », des avancées progressives sont enregistrées face aux déficiences systémiques et aux obstacles structurels qui empêchent le pays de progresser vers les objectifs de développement durable. De lentes améliorations sont constatées dans la lutte contre la corruption, les efforts de transformation économique et l’institutionnalisation de politiques publiques intégrées en faveur des plus vulnérables, qui tirent parti de la corrélation entre action humanitaire, développement et paix. Afin d’accroître les résultats de l’action,  j’appelle les partenaires internationaux d’Haïti à soutenir ces initiatives, et je suis encouragé par les discussions entre le Gouvernement, l’ONU et les partenaires de développement sur les approches visant à améliorer l’efficacité du développement et à revitaliser la coordination de l’aide. Je me félicite du dialogue sur l’action prévu avec les partenaires de développement d’Haïti pour accroître l’efficacité de la fourniture de l’aide.

69.        J’exhorte les États Membres et les partenaires de développement à soutenir fermement les activités de relèvement après le tremblement de terre, notamment lors de la conférence de haut niveau des donateurs organisée par le Gouvernement haïtien, avec le soutien de l’ONU. J’espère que la communauté internationale sera solidaire du peuple haïtien, qui s’efforce de se relever et reconstruire en mieux.

70.        Cette année, plus de 40 % des Haïtiennes et Haïtiens auront besoin d’aide humanitaire. Alors que quelque 4,4 millions de personnes vivent en situation d’insécurité alimentaire, que le tremblement de terre du 14 août 2021 a créé de nouveaux besoins humanitaires et que 19 000 personnes ont été déplacées par la violence des bandes dans le département de l’Ouest, il est impératif de fournir un


 

financement humanitaire suffisant pour répondre à tous les besoins, y compris ceux qui existaient déjà avant la dernière catastrophe naturelle qui a frappé Haïti. Je demande donc instamment aux États Membres de combler le déficit de financement humanitaire. J’appelle en outre les autorités nationales à assumer leurs responsabilités en matière de protection des personnes les plus démunies, notamment en veillant sans cesse à ce que le personnel humanitaire puissent les atteindre sans obstacle.

71.        Je saisis cette occasion pour remercier ma Représentante spéciale pour Haïti, Helen Meagher La Lime, mon Représentant spécial adjoint,  Coordonnateur résident et Coordonnateur de l’action humanitaire, Bruno Lemarquis, et l’ensemble du personnel des entités des Nations Unies actif dans le pays pour leur travail inlassable et leur dévouement.

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