Le consulat dominicain a fermé ses portes

Le consulat dominicain à Pétion-Ville a fermé ses portes . Vingt-quatre heures après avoir été attaqué par un groupe d’individus non identifiés, le consulat a suspendu ses opérations avant l’évacuation de son personnel. C’est pour la deuxième fois en 2015 qu’un consulat dominicain a été pris pour cible en Haïti après les incidents de janvier dernier à Anse-à-Pitre.
Les traces des pierres et d’autres projectiles lancés sur le consulat dominicain mercredi après-midi sont encore visibles sur le bâtiment de la rue Rigaud. Le drapeau descendu n’est pas encore remplacé. La plaquette identifiant le consulat dominicain non plus. Sauf quelques gardiens du bâtiment étaient visibles dans la cour 24 heures après l’incident regrettable. Une unité de la Brigade d’intervention motorisée (BIM) est sur place. Quelques racketteurs aussi. Mais l’ambiance n’est pas la même devant le consulat où les demandeurs de visa sont généralement très nombreux.

Pourtant, les activités avaient repris jeudi matin. « On avait commencé à délivrer les visas comme d’habitude, subitement les responsables du consulat ont décidé d’arrêter les opérations avant de fermer les portes », affirme Jean Pierre, qui faisait la queue devant le consulat dominicain. Aucun fonctionnaire dominicain n’était visible sur les lieux.

Après avoir été pris pour cible par un groupe de manifestants mercredi, les autorités dominicaines ont donc fermé leur consulat. Cette décision arrive vingt heures après la décision de l’Etat voisin de rappeler pour consultation son ambassadeur à Port-au-Prince, le sociologue Ruben Silie Valdez. Dans une conférence de presse présentée mercredi soir, le ministre dominicain des Affaires étrangères, Andrés Navarro, avait protesté énergiquement contre cet acte.

C’est pour la deuxième fois en 2015 que des citoyens haïtiens violent des installations diplomatiques de la République voisine. Au début du mois de janvier, des membres de la population d’Anse-à-Pitre avaient envahi le consulat dominicain situé dans cette commune. Les Haïtiens, qui protestaient alors contre l’incursion de la marine dominicaine dans les eaux haïtiennes et l’arrestation de plusieurs pêcheurs haïtiens, avaient même séquestré des fonctionnaires du consulat.

Mécontents de l’incursion de protestataires haïtiens dans le consulat dominicain d’Anse-à-Pitre, des parlementaires dominicains avaient pris une résolution condamnant la séquestration de deux membres du personnel diplomatique dudit consulat. La proposition a été l’œuvre de trois parlementaires, dont l’extrémiste de droite Vinicio Castillo Semán.

L’Etat dominicain avait demandé, entre autres, aux autorités haïtiennes et aux forces des Nations unies présentes sur le territoire haïtien de garantir la sécurité physique de tout le personnel diplomatique et consulaire de la république voisine en Haiti, ce pour empêcher la répétition de pareils évènements dans le futur. Ce que nous n’avons pas pu éviter. Deux mois plus tard, un nouveau consulat a été attaqué.

La tension diplomatique a atteint cette semaine son plus haut niveau sur l’île depuis l’arrêt raciste de la Cour constitutionnelle dominicaine. Les évènements des dernières semaines en République dominicaine et de mercredi en Haïti, marche plus assaut contre le consulat dominicain, ont contribué à faire monter encore plus la tension.

Le gouvernement haïtien a toutefois condamné le comportement des individus ayant attaqué l’ambassade et a lancé un appel au calme. Par l’entremise du ministère des Affaires étrangères, le gouvernement a appelé la population à « éviter tout acte qui pourrait contribuer à détériorer davantage les relations entre la République d’Haïti et la République dominicaine ».

Source:Louis-Joseph Olivier ljolivier@lenouvelliste.com

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