Justice
Haïti/Détention préventive
prolongée : Un système judiciaire qui semble tourner en rond
« S’il y a à peu près onze (11) mille individus constituant la population carcérale haïtienne, seulement trois (3) mille, environ, sont condamnés. Tous les autres sont des présumés innocents »
...lâche avec pitié, le nouveau Ministre haïtien de la Justice et de la Sécurité publique, Monsieur Camille Edouard Jr, intervenant à l’émission « Invité du Jour » de la Radio Vision 2000.
Durant les échanges d’usages, le Ministre a profité de son passage à
l’émission pour présenter la nouvelle feuille de route du Ministère de la
Justice. La mauvaise marche du système carcérale et judiciaire, notamment la
question de la « détention préventive prolongée » ou DPP est au cœur des
maux qu’il compte combattre dans le cadre de sa mission en tant que garde des
sceaux de la République. Une série d’assises et autres activités sont prévue
sur la question, en vue de recueillir des recommandations devant mener à une
solution au dit problème. Mais le débat va prendre une tournure quelque peu salée quand soudain
Valery Numa, meneur de l’interview, pose cette question qui semble embarrasser
son invité.
« Mais pourquoi ne pas appliquer les recommandations déjà faites lors
des dernières assises effectuées par vos prédécesseurs sur la question de prévention
préventive prolongée ? Il y en eu de ces activités, il doit surement y en
avoir eu des recommandations. Pourquoi devoir
tout recommencer ? »
En effet, ce ne sera pas la première fois que des mesures seront annoncées sur
la question de détention préventive prolongée en Haïti : dans le seul et
unique but de recueillir des recommandations capables d’orienter les politiques
publiques en matière de justice et de sécurité. Plus proche de nous, il faut
citer l’opération « coup de poing » initiée en 2015, par l’ex Ministre
Pierre Richard Casimir.
Pour revenir à l’émission du jour : En guise de réponse à la question
de Numa, Me Edouard semble plutôt vouloir demander au journaliste d’aller
lui-même chercher des documents laissés par l’administration antérieure. Le ton
de sa réplique indique qu’il n’y aurait rien ou plutôt qu’il n’y aurait rien de
sérieux du travail réalisé par l’équipe antérieure, qui puisse l’inspirer et
partir duquel il pourrait poursuivre.
C’est à se demander si chaque administration sortante ne s’en va pas avec
son lot de dossiers sans rien laisser à son successeur pour un suivi adéquat.
Ou peut-être, simple logique, que chaque équipe montante s’obstine à tout réinventer, comme réinventer la roue.
Malgré les efforts remarquables du ministre pour essayer de donner un élément
de réponse à la question de Valery Numa, la question est restée pendante. La
dernière administration judiciaire n’aurait-elle rien fait sur la question de DPP?
Avec une administration provisoire comme celle du duo Privert/Jean-Charles,
qu’aurait pu faire le ministre de justice s’il lui fallait recommencer tout le
processus ?
Quel espoir donc pour ces milliers de présumés innocents gardés dernière
les barreaux sans qu’ils aient la chance de voir leur juge naturel ?
La rédaction/HCN
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