Cri à ma jeunesse


C
ri à ma jeunesse !
Dédié aux jeunes Haïtiens à l’ occasion de la Journée Internationale de la Jeunesse
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Girovna E. Brice
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Mon cœur saigne chaque jour devant l’image que nous, les jeunes, projetons. Nous, l’avenir de ce pays dit-on, sommes devenus des errants, des sans cervelles, des personnages grossiers, des hommes sans cœur, sans idéal, et sans souci de la quête du vrai bonheur.
Ils disent que nous sommes foutus, qu’il n’y a plus d’espoir pour les jeunes, que l’avenir de ce pays est hypothétique, que nous sommes condamnés à rester dans le chaos… Ils disent plein de choses terribles à notre sujet. Ils lancent des mots qui devraient aiguiser notre orgueil. Malheureusement, nous restons là à tout accepter. Vérités ou mensonges ? Ont-ils raison ? Nul ne le saura car nous avons la tête courbée et tournée vers l’extérieur. Nous ne savons même pas si ces mots nous sont adressés. « Ak kimoun yap pale la » ? En fait, Nous sommes devenus sourds, muets, aveugles, irresponsables et même inconscients de l’état latent de notre jeunesse.
Nous, les jeunes d’aujourd’hui, avons laissé en chemin, notre détermination à changer le cours des choses et notre foi dans l’avenir donc notre fierté. Nous ne sommes plus animés de cette fougue positive qui devrait caractériser les êtres spéciaux que nous sommes. Nous, les détenteurs naturels, au vu de notre jeune âge, du mandat de changement. Or, l’avenir est à Nous. Arrêtons de nous questionner sur le futur. Arrêtons ce défaitisme. Arrêtons d’englober ce qui est négatif dans la culture étrangère.
Par exemple, est-il nécessaire d’absorber un genre de musique qui est rejeté même au niveau de la société étrangère qui la produit ? Pourquoi porter des vêtements qui nous marginalisent ? Nos yeux sont avides de vidéos clips et de films où les minorités sont ridiculisées, ou les corps des femmes sont exploités à des fins commerciales… Nous voulons tous êtres des « ATIS », des « SUPER STARS »…. Mais entre-temps, à force de mimer aveuglément, nous sommes finalement devenus les enfants de ghetto !
Jeunesse de mon pays, As-tu conscience au moins de tes capacités? De tes pouvoirs et de la nécessité de remonter la pente car, comme disait le poète, une pente est positive seulement quand on la monte. Tu peux être différent. Tout peut être différent. Ne dis pas que le pays n’offre rien. Si le pays n’a rien à offrir, toi, tu as tout à offrir non seulement au pays, mais au monde entier. Utilise donc ta force, ton énergie, ta détermination, ta passion, ton sens de l’équité, ton charisme, ton optimiste, ton goût du beau, tes capacités physiques et morales, ton imagination pour sortir du ghetto. Le ghetto, cette prison dorée, qui s’apparente souvent à une autre forme de colonisation… celle des mentalités.
Quand on est jeune, on ne devrait craindre ni l’échec ni la douleur encore moins l’inconnu. Commençons dès à présent à nous désintoxiquer de l’influence et de l’acculturation étrangère et repartons ensemble à la recherche de notre identité propre, de notre jeunesse. Nous sommes jeunes. L’avenir est donc à nous. Saisissons-le.
girovna@orchidéeonline.net

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