mercredi 29 juin 2016

Le nouveau recteur de l'Université d'Haiti Fritz Deshommes répond à Haiti Liberté

Par Fritz Deshommes, Recteur

Fritz Deshommes
Monsieur Berthony Dupont
Directeur de Haïti Liberté
En ses Bureaux.

Monsieur le Directeur,

Des menaces proférées contre ma personne le vendredi 24 juin 2016 par des personnes se présentant comme étudiants de l’UEH ont porté certains amis à attirer mon attention sur un article intitulé « Fritz Deshommes, le Recteur contesté »  paru  récemment  dans votre hebdomadaire sous la signature de  J. Fatal  Picard.

Ces menaces ont été exprimées à l’occasion de l’irruption violente de 3 individus à la Maison de la Recherche de l’UEH, assortie de bris de vitres et autres dégâts. Ils disaient à qui voulait les entendre qu’ils étaient venus  « tordre le cou  à  Deshommes en tant que membre du groupe des 184 ». Ils s’étaient détachés d’une manifestation destinée pourtant  à  réclamer à  l’UEH « sifraj inivèsel, sèvis kopi, lojman, transpo, kat sante, bonjan bibliotèk ».

L’accusation ou le reproche concernant mon statut de membre du groupe des 184 a étonné plus d’un, surtout ceux qui connaissent mon parcours professionnel, académique et intellectuel.
On m’a alors appris la source de l’information admise et affirmée comme une verité élémentaire : l’article mentionné plus haut. Des amis me l’ont fait parvenir en une page dans laquelle n’apparait ni la date ni le numéro de l’édition. Mais j’imagine que vous pouvez vous y retrouver.
J’ai lu l’article en entier. J’y ai relevé de nombreuses et graves inexactitudes. Je me suis dit qu’il serait utile de vous les signaler.

1- Votre collaborateur affirme : « Pour mémoire et pour  l’histoire, Fritz Deshommes était le responsable des relations publiques du Groupe des 184 ».  

"La vérité est que je n’ai jamais été membre du Groupe des 184, encore moins son porte-parole. Mieux encore, je n’ai jamais participé à  aucune réunion de ce groupe, ni  comme observateur, ni comme invité. L’information parait simplement insolite. Bien entendu j’aurais pu participer à ce mouvement comme l’ont fait plusieurs compatriotes respectables. Je crois en avoir le droit. Mais j’avais simplement fait d’autres choix."--Fritz Deshommes

2- « Feignant d’être un révolutionnaire quand il est en terre étrangère, sitôt rentré au pays il s’arrange pour se placer dans les rangs de cette oligarchie de contrebandiers … », affirme votre collaborateur.
« Un révolutionnaire en terre étrangère » ? Je n’ai jamais vécu a l’étranger, sauf quand je faisais mon Master au Honduras, il y a déjà plus de 25 ans.  Quand je voyage pour des raisons professionnelles, académiques ou familiales, il m’arrive rarement de faire des déclarations publiques. J’ai bien entendu publié plusieurs ouvrages. Mais eux tous sont édités, imprimes et publies en Haïti. Il n’y a pas encore un mois que certains d’entre eux sont disponibles sur Amazone.  Je n’ai donc pu l’occasion de me faire connaitre à l’étranger, ni comme « révolutionnaire »  ni comme autre chose.
Quant à la  place que l’article tient à me réserver « dans les rangs de cette oligarchie de contrebandiers », je ne sais pas si j’en suis vraiment digne. Les deux concepts m’intéressent : oligarchie et contrebandiers.

Je commence par le deuxième : « contrebandiers ». Savez-vous, Monsieur le Directeur,  que  je suis un ancien douanier. Et un ancien Directeur Général des douanes ? Et que j’ai eu l’occasion de combattre directement la contrebande.  Une carrière douanière de 16 années. Un parcours public marque au coin du renforcement de l’institution et du combat contre toutes sortes de fraudes, de contrebande et de contrebandiers. Souvent au péril de nos carrières et de nos vies de jeunes professionnels zélés,  recrutés sur concours,  au service de l’Etat. Souvent contre de puissants militaires, d’influents VSN et autres  oligarques de tous poils. J’aime souvent rappeler que, lors de mon passage comme Directeur Général des Douanes, les recettes douanières avaient augmenté de 50%,  sans augmentation de tarif, sans renforcement d’infrastructures. En luttant contre la contrebande et la fraude douanières.

Je suis aussi un ancien journaliste, un économiste, un écrivain. Je suis l’un des rares économistes haïtiens à avoir écrit sur la contrebande, à l’avoir dénoncée  vertement. Mes articles parus dans la Page Economique du Nouvelliste (1984-1988), mes ouvrages, mes conférences sur le sujet,  sont là pour en témoigner. Déjà mon premier ouvrage,  intitulé « Vie Chère et Politique Economique en Haïti » paru en 1992,  contient tout un chapitre  sur le phénomène, avec pour titre : « La contrebande notre ennemie à  tous ».


Enfin, je suis le premier  économiste haïtien, et l’un des rares en tout cas,  à avoir dénoncé la contrebande comme faisant partie du paquet néolibéral, soit comme instrument de  libéralisation du commerce extérieur, soit comme outil de lutte contre la cherté de la vie. Des ministres des finances ne s’en sont pas cachés : Leslie Delatour (1987) et Wiener Fort (1992). Sur ce point je vous réfère à mon ouvrage « Néo-libéralisme, Crise Economique et Alternative de Développement » paru pour la première fois en 1993  dont la dernière édition remonte à  2014.

J’en arrive au 2e concept : l’oligarchie. Je m’arrangerais donc pour me  placer dans les rangs de l’oligarchie haïtienne. Je souris largement. Car il me manquerait tellement d’atouts pour y parvenir : mes pratiques, ma pensée, mes écrits,  mes convictions,  mes fréquentations, mon compte en banque, mes valeurs, tout jouerait contre moi. Je ne puis que vous référer à mes ouvrages, à mes articles, à  ma pensée économique et politique pour que vous vous en fassiez une  idée. Et je serais heureux que vous puissiez y trouver  une seule pensée favorable à cette oligarchie.  Croyez-moi, Monsieur Dupont, en 40 ans de vie publique, professionnelle et intellectuelle, qu’il s’agisse de ces moments où l’on ne se parlait que par signes, ou de ces autres  marqués par le règne de la cacophonie stérile, mes orientations ont été claires, constantes, cohérentes, transparentes. 

3- « Selon des informations difficiles à vérifier, Deshommes aurait une maitrise en Economie décrochée au Honduras », informe l’auteur de l’article. Pourtant à l’heure des technologies de l’information et de la communication, les informations concernant le diplôme ou le grade obtenu par un étudiant font partie de celles que l’on vérifie le plus facilement au monde. Il suffit de s’adresser à l’Université concernée. Dans mon cas précis, il s’agit de l’Université Nationale Autonome du Honduras. Mais entretemps, je me ferais un plaisir de partager avec votre rédaction :
- Le diplôme proprement dit ;
- Les attestations de ce diplômes émise  tant par l’Université d’origine  que par l’Université utilisatrice ;
- Les preuves de l’existence de ce diplôme (mémoire de sortie, liste officielle  des gradués du programme, etc..) ;
- Les fruits de ce diplôme (étudiants haïtiens ayant bénéficié de bourses d’études à la même université grâce à  ce diplôme).


4- Votre collaborateur persiste et nous apprend que « ce Fritz Deshommes soudoyait les etudiants déclassés pour qu’ils rejoignent les rangs des contrebandiers de l’oligarchie ». Cela s’appelle avoir de la suite dans les idées. J’ai déjà dit mon mot sur l’oligarchie et les contrebandiers. J’aurais quand même aimé vérifier l’information concernant le « soudoiement » des étudiants « déclassés » : leurs noms et prénoms,  leur nombre, les montants en jeu, les résultats de cette action, les positions qu’occupent actuellement ces « déclassés ». Sont-ils encore « déclassés » ou sont-ils entretemps devenus des oligarques à  part entière ?

5- « Fritz Deshommes étant à  la tête de l’UEH, Apaid doit se frotter les mains autant il peut bien enjoindre le nouveau recteur… à transformer toutes les facultés en usines de sous-traitance », conclut l’article.

Savez-vous, Monsieur le Directeur, que je fais partie des économistes haïtiens qui aient le plus écrit sur la sous-traitance en Haïti. Ou plus précisément contre la sous-traitance comme moteur de l’économie haïtienne, comme secteur privilégié par les politiques publiques, comme la panacée des bailleurs de fonds internationaux. Depuis mes premiers articles parus sous la dictature. Jusqu’aux éditions revues et corrigées de mes ouvrages sur le néolibéralisme (2014) et sur le « Plan Américain pour Haïti » (2016). En passant par celui écrit spécifiquement sur le secteur, intitulé : « Salaire minimum et sous-traitance en Haïti » paru en 2010.

  J’aurais pu relever d’autres inexactitudes contenues dans le même article, comme par exemple, cette note à  laquelle fait référence votre collaborateur tendant à  faire croire que les récentes  élections à  l’UEH auraient  été illégitimes  et   qui aurait été signée par une dizaine de membres du Conseil de l’Université  alors qu’en fait seulement trois y ont apposé leur signature, les autres noms ayant été simplement ajoutés, encore que certains d’entre eux n’occupaient d’ailleurs plus les postes qui les habiliteraient à  le faire : Doyen de Faculté, représentant de professeurs. Mais je  préfère m’en tenir aux plus criantes, aux plus évidentes inexactitudes.

Pourtant j’aurais bien aimé être soumis aux feux de vos critiques, pouvoir identifier nos désaccords. Mais sur la base de la vérité. Je ne me suis pas reconnu dans le portrait que votre collaborateur a voulu faire de moi. Et comme je suis un homme public, comme ma pensée et mes convictions sont publiques, il est très facile de vérifier, de comparer.

Comment vous sentiriez-vous, Monsieur le Directeur,  si les assaillants de la Maison de la Recherche avaient pu mettre leurs menaces à exécution, sur la base d’une  information erronée, diffusée par votre hebdomadaire ?   

J’en prends occasion pour vous assurer, Monsieur le  Directeur, de ma considération distinguée.

Fritz Deshommes


NDLR: L'édition du Journal Haiti Liberté à laquelle répond Fritz Deshommes est datée du 1 au 7 juin 2016 (Vol.9-No 47)

jeudi 23 juin 2016

Incident aux abords du Palais Législatif : le RNDDH condamne la passivité des forces de l'ordre

COMMUNIQUE DE PRESSE CONTACTER : Marie Yolène GILLESCOLAS PHONE : (509)2940-1222 / 3755-9591 / 3463-4192 Cell : (509)3728-8466

Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) a appris avec consternation que le 21 juin 2016, il s'est tenu une manifestation au cours de laquelle des individus non identifiés ont lancé des pierres en direction du bâtiment abritant le Parlement Haïtien.

Le RNDDH rappelle que des organisations populaires avaient, à grand renfort de publicité, annoncé plusieurs jours à l'avance, la tenue d'une manifestation de support au Président Provisoire, Jocelerme PRIVERT dans le but de forcer les Parlementaires à décider de son maintien au pouvoir.*


Le RNDDH regrette que des slogans menaçant de mettre le feu au Palais Législatif, aient été lancés par les manifestants si les Parlementaires décidaient de mettre fin au mandat du Président Provisoire.

Le RNDDH estime que l'incident du 21 juin 2016 a eu lieu avec la complicité expresse de la Police Nationale d'Haïti (PNH) pourtant chargée d'assurer la sécurité de tous et de chacun. En effet, la manifestation ayant été annoncée avec des menaces à peine voilées, il revenait à l'institution policière d'évaluer le niveau de risques et d'assurer efficacement la sécurité du Palais Législatif. Mais, malgré la présence du Directeur Central de la Police Administrative (DCPA), Joany CANEUS, sur les lieux, le dérapage n'a pu être évité.




Le RNDDH croit que si des partis politiques sont pointés du doigt dans ce qui s'est passé le 21 juin 2016, le Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN) ainsi que les Parlementaires y ont aussi leur part de responsabilité :

• Les responsables des partis politiques et des organisations populaires semblent ne pas mesurer l'ampleur des dégâts qui peuvent être causés par les discours incitatifs à la violence de leurs partisans. • Le CSPN semble ne pas se rendre compte qu'aujourd'hui plus que jamais, il est de son devoir de s'assurer que l'institution policière soit professionnelle et apolitique car le temps où la PNH était au service des tenants du pouvoir établi est définitivement révolu.
• Les Parlementaires semblent ne pas prendre en considération les problèmes réels de ce pays. Ils vivent dans l'opulence alors que la population croupit dans la misère. Ils ont oublié qu'issus d'élections décriées et entachées de fraudes massives, ils n'ont aucune légitimité populaire, ce qui devait les porter à se mettre pour une fois à l'écoute des Haïtiens en général et des groupes organisés du pays en particulier. Aujourd'hui, il ne s'agit pas seulement de discuter d'une question de personnalité devant occuper le poste de Président de la République, il s'agit surtout de l'avenir d'un pays meurtri par la négation de tous les Droits Humains des Haïtiens.

Le RNDDH reste convaincu que la meilleure issue possible pour le pays est la réalisation d'élections honnêtes et crédibles avec des partis politiques et des candidats à la Présidence ayant rendu compte de leur gestion de la subvention électorale à eux avancée lors des joutes électorales de 2015, ce, pour porter au pouvoir des dirigeants légitimes qui s'attelleront à définir des politiques socioéconomiques viables.

Le RNDDH condamne avec la plus grande véhémence l'incident qui s'est produit le 21 juin 2016 aux abords du Palais Législatif et recommande aux autorités gouvernementales et policières de tout mettre en œuvre en vue d'assurer la sécurité du Parlement haïtien.

Le RNDDH invite le CSPN à prendre au sérieux toute menace proférée par quiconque, qu'ils soient Parlementaires, membres de partis politiques, d'organisations ou simples citoyens.

Enfin, l'organisme de droits humains presse les acteurs politiques à porter leurs partisans à circonscrire leurs actions et discours dans un cadre démocratique respectueux des valeurs et principes de Droits Humains.

Port-au-Prince, le 22 juin 2016

(Illustrations:HCN)

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*NDLR; Des observateurs ou analystes politiques estiment que des parlementaires ont pris l'incident comme prétexte pour annuler la séance de l'Assemblée nationale parce qu'ils savaient qu'ils allaient perdre le vote face aux autres votants en faveur de la prorogation de Privert

lundi 20 juin 2016

HAITI : A QUAND LE RETOUR A LA NORMALITE ?

Nous avons reçu cet article d'Haiti rédigé par un citoyen qui veut rester anonyme mais est préoccupé par la conjoncture haitienne.
A la veille de la session des parlementaires en Assemblée générale devant statuer sur le sort du président provisoire Jocelerme Privert, nous à HCN avons pris la décision de publier l'article vu qu'il nous été  transmis par une source sûre et familière à HCN.



Le 7 février 2016, la Nation haïtienne s’est réveillée sans un président légitimement élu !  Ce cas n’a pas été prévu par la Constitution.  Il ne s’agit là ni d’un empêchement provisoire ni d’une vacance présidentielle tels que prévus dans les articles 148, 149, 149.1 et 149.2 de la Constitution de 1987 amendée, le Président Martelly ayant achevé le terme intégral de son mandat de cinq ans.

 En ce cas, qu’avait-il lieu de faire ?

« Tout le contraire de tout ce qui a été fait et qui s’assimile à un coup d’état contre la Constitution ».

Car, s’il n’y a pas eu vacance présidentielle par rapport à un homme, le président sortant, il y a, néanmoins, référence à l’institution présidentielle qui connait un vide institutionnel en l’absence d’un nouveau président de la République, légitimement élu.

Quelle que soit la solution apportée, elle doit s’inspirer autant que possible tant de la lettre que de l’esprit de la Constitution en vigueur.  Dans le cas qui nous concerne actuellement, il est bon de reproduire les articles qui s’y apparentent, capables d’y apporter un éclaircissement, en tirant les conclusions qui s’imposent.
Art. 149.- (trois paragraphes) :



-    Première conclusion : Quand il y a vide au niveau de la présidence, la continuité de l’Etat est assurée par la deuxième branche de l’Exécutif, le Gouvernement de la République dirigé par le Premier Ministre, encore faut-il, dans le contexte du moment, tenir compte des réalités politiques.



-    Deuxième conclusion : Tant dans le cas du président Martelly que de celui du président provisoire Privert, les mandats sont épuisés ; donc, point de temps qui reste à courir.  Face à ce vide institutionnel non-prévu par la constitution que doivent donc faire les corps constitués de l’Etat ?
Les trois corps dépositaires de la Souveraineté Nationale doivent se concerter et s’asseoir avec les forces de la société civile et politique compte tenu de la complexité du moment  et de l’importance des enjeux pour l’établissement de la démocratie en Haïti. Il importe de souligner  que le contexte actuel pose le problème de pourvoir la République d’un président dans le cadre politique, exceptionnel et tragique, d’élections générales contestées et reportées.  Si les élections représentent un passage obligé en régime démocratique, celles d’aujourd’hui représentent non seulement un danger pour la démocratie mais également pour la société haïtienne, menacée dans ses fondements.

L’exclusivisme d’un Corps et la volonté de se substituer aux deux autres ne sauraient en aucune façon être la réponse à cette situation.  Le respect de la lettre et de l’esprit de la constitution, la recherche du consensus national, tels devraient être les réponses impératives à cette conjoncture dangereuse à laquelle la Nation est confrontée.  D’ailleurs, l’article 98.3 définissant les attributions de l’Assemblée Nationale n’imposent-elles pas à celle-ci en son point 8 « de concourir à la nomination d’un président provisoire » et non de prolonger son mandat ni de le confirmer pour un autre mandat, ce qui est contredit par l’article 149.1 stipulant :
«ce président est réputé avoir complété un mandat présidentiel » ? 
 De plus, concourir, n’est-ce pas au sens littéral du terme, « aider à », ou bien « participer avec » les autres corps,corps constitutionnels et groupes organisés des sociétés civiles et politiques, à la résolution d’un problème exceptionnel.

Le moment est arrivé pour tous les citoyens haïtiens, les partis politiques, les groupes de la société civile, en un mot tous ceux concernés par la tenue d’élections libres et honnêtes et l’avancement de la démocratie de se retrouver autour de la table de concertation pour le grand salut national !

 Port-au-Prince, le lundi 20 juin 2016.

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vendredi 10 juin 2016

Hommage à Mohamed Ali, un homme légende de la boxe et des droits civiques aux Etats-Unis

Ceux de la génération montante ne vivront jamais peut-être avant longtemps les sentiments qu'un homme comme Mohamed Ali a soulevés chez leurs parents maintenant "baby Boomers aux Etats-Unis et à travers le monde.

Nombreux sont ceux ou celles qui ont connu la passion de la boxe grâce à celui qui  s'est donné le titre de The Greastest (le plus grand) dans le domaine de la boxe.


Mais Ali ne fut pas seulement le champion mondial  en poids lourd de la boxe, un titre qu'il a gagné en trois fois, il fut aussi un champion, à notre avis, des droits civiques tant pour les Etats-Unis que  le monde. A une époque de sa vie où la ségragation raciale et le racisme avaient été des plus marquants aux Etats-Unis, Mohamed Ali a été l'une des voix qui ont clamé bien fort "il faut que ça change en ce pays", en l'occurence, les Etats-Unis. Il avait donc utilisé son statut de champion du monde pour catapulter ses idées de changement, au risque de sa carrière afin de défier l'establishment américain qui voulait en quelque sorte asservir les noirs et les priver de leurs droits civiques:

En hommage à cet homme qui nous a donné un monde meilleur que celui qu'il avait vécu, nous reprenons quelques unes de ses citations et deux vidéos qui vous donneront une perspective, nous l'espérons, de la personnalité de cet homme qui fut en effet : Le Plus Grand:
  • « On ne devient pas champion dans un gymnase. On devient champion grâce à ce qu'on ressent ; un désir, un rêve, une vision. On doit avoir du talent et de la technique. Mais le talent doit être plus fort que la technique. »
  •  « Qui a la même vision du monde à vingt ans qu'à cinquante, a perdu trente ans de sa vie. 
  • « Que vous soyez musulman, chrétien ou juif n'a pas d'importance. Si vous croyez en Dieu, vous devriez penser que chaque être humain fait partie d'une seule et même famille. »
  •  « Qui n'a pas d'imagination n'a pas d'ailes. »
  • « “Quand on est ce que je suis, il est difficile de rester humble. »
  • « Les gens humbles ne vont jamais très loin. »
  • « L'âge n'est rien d'autre que ce que vous en pensez. Vous êtes aussi vieux que vous estimez l'être. »
  • « Les religions portent toutes des noms différents, mais elles contiennent toutes les mêmes vérités. »




Carl Gilbert, pour HCN




jeudi 9 juin 2016

Haiti Connexion Network: Ten Years on the Net



Lu Pour Vous (Transmis par DG, notre correspondant en Haiti):Haiti-Sur le Rapport de la CIEVE

Docteur en droit public - Avocat au Barreau du Val d'Oise

08 juin 2016
Par Éric SAURAY[1],
Le 30 mai 2016, la commission indépendante, d’évaluation et de vérification électorale a rendu son rapport sur les élections d’août et octobre 2015. Au nom de la justice et de l’équité, ladite commission recommande, au moins, une reprise de l’élection présidentielle. La recommandation était attendue mais elle est incohérente puisque si l’élection présidentielle doit être reprise, il est incompréhensible que les autres élections qui se sont tenues les mêmes jours avec les mêmes irrégularités ne soient pas reprises.
                Mais, nul n’ignore que la commission a été créée afin d’annuler les élections présidentielles ou à tout le moins d’exclure Monsieur Jovenel Moïse. Les autorités politiques ne pouvaient pas prendre la décision pour ne pas mettre le feu aux poudres. Le Conseil électoral ne pouvait pas se déjuger. Et même si ses membres ont changé, il était nécessaire de faire preuve d’un semblant de solidarité de corps. La commission a également compris qu’il ne fallait pas mettre les pieds dans le plat car une précédente commission avait déjà fait le même travail, en était arrivé aux mêmes conclusions même si elle n’avait recommandé ni la reprise ni l’annulation de l’élection présidentielle. C’est la raison pour laquelle, la commission indépendante, d’évaluation et de vérification électorale a été habile. Elle n’a accusé personne. Elle a pris une décision facile pour renvoyer les autorités politiques et le Conseil électoral à leurs responsabilités. Mais, sa recommandation est sans ambigüité. Ainsi, une fois de plus, les recommandations d’une commission auront plus de valeur que la Constitution ou le décret électoral. Et la manière dont le Conseil électoral a décidé de la reprise de la présidentielle, sans aucune décision juridiquement motivée est un vrai déni des règles démocratiques.
                D’ailleurs, on peut se poser la question de savoir s’il était nécessaire de créer une commission pour arriver à cette conclusion ? Était-il nécessaire de faire appel à une commission pour en arriver à cette solution ubuesque à laquelle toutes les élites haïtiennes confondues avaient sournoisement souscrites ? Le conseil électoral aurait pu le faire s’il était animé par des gens désireux d’assumer leurs prérogatives constitutionnelles. Mais, on le sait, en Haïti, comme du temps de Saint-Domingue, c’est toujours par l’entremise d’une commission que l’on trouve des issues à une crise politique. Si une commission le dit, cela passera mieux ! Pour autant, si cela doit passer, certaines vérités doivent être dites.
                Sur la forme d’abord. Il est inacceptable de trouver autant de fautes d’orthographe dans les 33 pages rédigées du rapport. On ne va pas s’aventurer à en répertorier dans les nombreuses pages d’annexe où les chiffres l’emportent sur les lettres ! Quoi qu’il en soit, sous réserve que la version publiée en ligne soit bonne, le rapport est truffé de fautes notamment à la page 6, à la page 11 et à la page 13. Bien entendu dans tout travail intellectuel, il existe des coquilles. Mais, quand il s’agit de vérifier le travail des autres, il convient d’être soi-même irréprochable, sauf à demander la création systématique d’une commission d’évaluation et de vérification de l’orthographe lors de la création de chaque commission ! On pourrait objecter que cela n’a aucune conséquence sur le fond. Mais, cela peut au moins susciter des doutes compte tenu du lien essentiel entre la forme et le fond.
                Sur le fond, en revanche, il faut se rappeler que le but de cette commission était de faire apparaître la lumière sur ce qui s’est passé lors des élections des 9 août et 25 octobre 2015. Le moins que l’on puisse dire c’est que, aucune vérité n’a été révélée. Les idéologues qui ne rêvaient que de l’exclusion d’un parti et d’un candidat de l’élection présidentielle en ont été pour leurs frais. Les amateurs de vérité statistiques aussi ont dû être déçus. Et c’est tant mieux car, en politique, les statistiques ne servent pas à établir une vérité. Elles aident à comprendre des données et à faire des prévisions. Vouloir les utiliser aux fins de manipulations de résultats déjà faussés, déjà manipulés ne grandit personne et n’est pas digne d’un pays qui dispose d’une élite intellectuelle dont l’excellence et la rigueur intellectuelle a été, par le passé, la marque de fabrique.

             
En outre, les conclusions de la commission indépendante ne sont pas claires. Par exemple, que signifie : « La proportion de votes irretraçables (29%) appliquée au total des votes valides (1.560.631) signifie que les BV sauraient autoriser[2] (SIC) 448,000 citoyens à voter sans pour autant dresser un procès-verbal de carence, tel que stipulé dans le décret électoral. » ? Que signifie : « le nombre de votes non retraçables a pratiquement dépassé les votes légitimes qui ont été acquis par les hommes politiques » ? Il faut être expert en linguistique pour faire l’exégèse de ces phrases sibyllines.
                Quoi qu’il en soit, à la lecture du rapport de la commission indépendante d'évaluation et de vérification électorale, on comprend très vite une chose : les élites haïtiennes se moquent du monde en général et de la communauté internationale en particulier. Dépenser près de 100 millions de dollars pour organiser des élections pour que tout un peuple en arrive à dire que les zombies ont été plus nombreux que les vivants à voter, c’est au moins, une honte et au plus un scandale. C’est même une humiliation pour les Haïtiens de dire et de répéter une telle balourdise. Une telle conclusion destinée à amuser la galerie comme certains Haïtiens aiment le faire, montre la légèreté de ceux qui la font et de ceux qui ont permis de la tirer. Si cela était vrai, tous les responsables devraient être traduits en justice. Or, dans le cas présent, la formule une fois balancée et une fois diffusée par certains médias partisans et moralisateurs, chacun en tire les conclusions qui lui conviennent et tout recommencera de la même façon lors des prochaines élections.
                La commission a été créée pour rétablir la confiance des acteurs politiques dans le processus électoral. Son rapport discrédite encore une fois les élites politiques et administratives d’Haïti. Dès lors, pour rétablir la confiance des acteurs politiques mais aussi des citoyens, il faudrait également prendre en comptes les vraies conclusions à tirer du rapport de la commission :
-          les résultats des élections de 2015 n’étaient pas sincères ;
-          les opérations de vote n’étaient pas conformes ;
-          les élites politiques et administratives haïtiennes ne sont pas fiables ;
-          l’électorat n’est pas suffisamment formé pour participer correctement à un scrutin sans le fausser par manque d’éducation, par la force de l’habitude, ou par la culture de la triche en toute impunité ;
-          en Haïti les personnes qui sont chargées de surveiller les élections sont les premières à les truquer ;
-          les partis politiques haïtiens ont fait de l’élection un commerce notamment à travers des cartes d'accréditation « en blanc » ;
-          des bureaux de vote jusqu’au Conseil électoral, tous les responsables ont failli car le scrutin n’a pas été contrôlé, évalué et vérifié de manière correcte ;
-          le fait de nommer au conseil électoral des représentants des divers secteurs de la vie nationale n’est pas une bonne chose car il se pose un problème de compétences pour assumer les responsabilités que suppose l’organisation d’une élection. Cela participe de cette mauvaise blague qui fait qu’en Haïti les mieux formés laissent systématiquement leur place aux moins bien formés. Pour organiser des élections, il ne suffit pas d’être désigné par un secteur. Il faut s’y connaître ou se former !
-          tant que la Cour de cassation ne redeviendra pas l’organe de contrôle des élections, il faudra une commission indépendante d'évaluation et de vérification électorale afin d’aider le Conseil électoral dans ses missions.
                Pour en finir, je dirai qu’à titre personnel, j’ai du mal à admettre ces conclusions fabriquées pour rassurer une partie des élites moralisatrices qui dénigrent et rabaissent systématiquement les Haïtiens. Mais, je m’efforce de les prendre en compte car cela en dit long sur les élites d’un pays. Un pays qui s’acharne à se singulariser négativement après s’être positivement singularisé en 1804. En d’autres termes, certains semblent se satisfaire de ce rapport singulier. Mais, trop heureux d’obtenir un résultat indigne d’un pays qui aspire à la démocratie, ils ne veulent pas voir que ce rapport met en exergue une vraie faillite collective et une vraie propension au gâchis de ressources dont Haïti ne dispose pas.
                Je considère qu’annuler les élections ou les reprendre chaque fois qu’elles ne conviennent pas à un groupe, c’est prendre le risque d’avoir à les annuler de manière systématique car elles peuvent ne jamais convenir aux perdants. En effet, comment peut-on, une seule seconde, accorder du crédit à cette phrase tirée du rapport de la commission : « en appliquant certains critères définis par la CIEVE (Commission indépendante d'évaluation et de vérification électorale) en fonction de l’article 171.1 du décret électoral, la situation devient encore plus grave car le pourcentage de votes valides se réduit à 9% du total des votes. ». Cette phrase défie l’entendement. L’accepter sans en tirer toutes les conséquences qui s’imposent, c’est le meilleur moyen de laisser Haïti dériver vers l’instabilité et la ploutocratie. L’accepter sans faire part de son sentiment de déception face à ce véritable gâchis, c’est donner un blanc-seing à tous ceux qui sapent les efforts des démocrates haïtiens et de la communauté internationale qui se saignent pour faire entrer Haïti sur le chemin de la stabilité, du progrès et de la démocratie.
[1] Docteur en droit public, avocat à la Cour, politologue.
[2] Je souligne pour montrer la faute commise.

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