PHOTOS:La pêche aux Abricots, la cité de "Les Possédés de la pleine lune"
"Les habitants du petit village côtier des Abricots mènent une existence que la misère et les calamités naturelles transforment en lutte quotidienne. Une bête à sept têtes cause l’épouvante générale, Agénor divague et se bat contre un poisson légendaire, Saintmilia s’étiole de solitude, Violetta tombe amoureuse de la rivière, Louiorteresse enrage de jalousie... Quand vient le soir, les désirs des villageois s’allument sous les lueurs blanches de la pleine lune, dans les reflets de l’eau-de-vie et les dits de grands-mères..."
« La nuit avait vite passé, noyant le tumulte des pleurs et des voix dans les verres de clairin, les gobelets de thé chaud. Les femmes n'en finissaient pas de larmoyer, alternant gémissements, râles et cris pour dire le chagrin de Saintmilia. Elles troquaient, le temps d'une veillée, leur propre détresse contre la sienne, exorcisant ainsi dans les larmes les tribulations de leur existence. Une façon de confirmer un pacte tacite avec la vie : plutôt la mort chez la voisine que chez soi. Et, comme par remords, une émouvante sympathie pour elle : chanter son deuil, réciter les prières pour les trépassés, plaindre son sort. [...] Les hommes, eux, buvaient sec et long, jouaient aux cartes, se racontaient des histoires drôles, des histoires de vivants, riaient aux éclats ... »
« La nuit avait vite passé, noyant le tumulte des pleurs et des voix dans les verres de clairin, les gobelets de thé chaud. Les femmes n'en finissaient pas de larmoyer, alternant gémissements, râles et cris pour dire le chagrin de Saintmilia. Elles troquaient, le temps d'une veillée, leur propre détresse contre la sienne, exorcisant ainsi dans les larmes les tribulations de leur existence. Une façon de confirmer un pacte tacite avec la vie : plutôt la mort chez la voisine que chez soi. Et, comme par remords, une émouvante sympathie pour elle : chanter son deuil, réciter les prières pour les trépassés, plaindre son sort. [...] Les hommes, eux, buvaient sec et long, jouaient aux cartes, se racontaient des histoires drôles, des histoires de vivants, riaient aux éclats ... »
« Agénor avait
vécu retiré avec sa femme aux limites du cimetière, cultivant dans la solitude
de sa chaumière un goût de la singularité qui avait ouvert la porte à tous les
fantasmes. Il dormait le jour, péchait la nuit, rentrait à l’aube, sa tête et
son panier pullulant de poissons aussi gros que l’église*. Les hommes du village
le disaient bizarre. Certains insinuaient même qu’il était fou. Ils l’avaient
jugé différent pour mieux opposer à cette différence une attitude collective
dans laquelle entraient sans aucun doute la crainte, l’envie, la jalousie sinon
la haine. »
CI-DESSUS: EXTRAITS DE "Les possédés de la pleine lune" de Jean-Claude Fignolé
NDLR: De belles photos de pêcherie qui manquent cependant les traits fondamentaux d'une entreprise plutôt commerciale pourtant appelée à apporter l'alimentation quotidienne aux habitants de ce beau village côtier d'Haiti. Adapté pour publication par Carl Gilbert
* Souligné par HCN
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