Pages Retrouvées: AU BRESIL, UN RACISME CORDIAL
A LIRE CET ARTICLE CI-DESSOUS, ON COMPRENDRA MIEUX LE CONTEXTE DE LA
DÉFÉNESTRATION DE DILMA ROUSSEFF ET DU
GOUVERNEMENT DU PARTI DES
TRAVAILLEURS, DE LULA DA
SILVA, LE MIEUX-ÊTRE PROMIS AU BRÉSIL AU
DÉBUT DE MAI N'EST PAS POUR
DEMAIN!
MAX BLANCHET
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Source: Le Monde
Auteur: Nicolas Bourcier
A deux pas du centre-ville, au coeur de la zone portuaire de Rio de Janeiro
chamboulée par les travaux d'embellissement en vue des Jeux olympiques de 2016,
deux ouvriers à la "peau de feu" attendent le verdict des trois
archéologues penchés avec leurs ombrelles au-dessus de la tranchée. Une vieille
dame bistrée (brun noirâtre) tente de se frayer un chemin, sans même jeter un
regard. Pour la énième fois, les employés municipaux butaient sur les vestiges
du Valongo, le quai où débarquèrent le plus grand nombre d'esclaves aux
Amériques. Un lieu de mémoire et de douleur, enfoui depuis des lustres sous les
pavés et le bitume de la ville dite "merveilleuse".
La délégation haitienne au cours du défilé d'ouverture des Jeux Olympiques de Rio (classée 3ème en terme de style vestimentaitaire par Yahoo Style) |
Plus de 600 000 Africains foulèrent ces maudites pierres au tournant du
XIXe siècle. L'hôtel de vente aux esclaves était juste à côté. Leur cimetière
aussi, surnommé "le cimetière des nouveaux Noirs". Depuis le début
des travaux, en 2010, de très grandes variétés de bracelets, pierres précieuses
et petites affaires personnelles ont été découvertes sous les décombres. Des
dizaines de milliers, selon Tania Andrade Lima, la responsable des fouilles.
Jour après jour, Valongo a aussi permis de donner corps à l'ampleur de la
traite négrière au Brésil : sur les 9,5 millions de "pièces d'ébène"
razziées en Afrique et acheminées dans le Nouveau Monde entre le XVIe et le
XIXe siècle, près de 4 millions débarquèrent sur ces terres. Dix fois plus que
les esclaves qui ont été expédiés aux Etats-Unis. Un abîme !
VALONGO, PIQÛRE DE RAPPEL DE L'HISTOIRE
Aussi, l'envers du décor est un Brésil qui a cherché pendant plus d'un
siècle à effacer son passé. Refusant de solder l'héritage de la traite des
Noirs. Et offrant l'image d'un pays métissé, où la couleur de peau ne compte
pas, où le racisme n'existe pas, un pays dans lequel des populations d'origine
indienne, européenne et africaine entretiendraient des relations cordiales.
La délégation olympique d'Haiti au Brésil, à laquelle nous souhaitions Bon Travail et Bonne chance
Premier pays esclavagiste d'Amérique, le Brésil a été également la dernière
nation du continent à décréter l'abolition de l'esclavage, le 13 mai 1888. Une
époque où Rio et ses faubourgs représentaient la plus grosse concentration
urbaine d'esclaves depuis la fin de l'Empire romain. Plus de 40 % de la
population. Presque une ville entière "lestée de fers".
Document de l'abolition de l'esclavage au Brésil |
Aujourd'hui,
la municipalité de Rio envisage de transformer une partie du quartier de
Valongo en site archéologique à ciel ouvert. "Ce patrimoine peut être
enfin reconnu, valorisé et devenir un instrument contre cette amnésie
collective que s'est imposée notre société à l'égard de la communauté noire
", avance Tania Andrade Lima. Valongo comme piqûre de rappel de
l'Histoire. "Un petit exemple de la réévaluation bien plus large que
connaît actuellement la question raciale au Brésil ", ajoute finement
l'hebdomadaire britannique The Economist.
De fait, le pays change. A Rio où ailleurs, rares sont ceux qui qualifient
encore le Brésil de "démocratie raciale ", la formule chère au
sociologue et écrivain Gilberto Freyre (1900-1987). Les organisations noires
préfèrent parler de "racisme institutionnalisé ", soutenues, entre
autres, par l'Eglise catholique, qui dénonce les discriminations et la
perpétuation d'une culture de "négrier". Chico Whitaker, l'un des
défenseurs des droits de l'homme les plus connus du monde ecclésiastique,
n'avait-il pas dit en 2009 que le Brésil vivait encore sous le régime de
l'apartheid ?
D'après un recensement rendu public fin 2011 par l'Institut national de
statistiques, les Brancos ("Blancs") représentent, pour la première
fois depuis la fin du XIXe siècle, moins de la moitié de la population. Ils
sont 50,7 % à s'autodéclarer preto ("noirs", 7,6 %) ou pardo ("métis",
43,1 %). Soit 5,4 % de plus qu'en 2000. Trait marquant, ces statistiques
montrent aussi que les Brésiliens de couleur restent toujours nettement
défavorisés par rapport aux Blancs. L'inégalité raciale est flagrante à tous
les niveaux, à commencer par la répartition des richesses. Deux tiers des
pauvres sont noirs ou métis. A qualification égale, les Noirs gagnent en
moyenne deux fois moins que les Blancs. Une femme noire ne perçoit environ
qu'un quart du salaire d'un homme blanc. Selon une étude de 2007, les citoyens
de couleur n'occupaient que 3,5 % des postes d'encadrement. A peine 10 % des
places d'étudiants à l'université. Moins de 5 % au Parlement. Et 3 % dans le
judiciaire. Guère davantage aujourd'hui.
LA DETTE SOCIALE DE L'ESCLAVAGE
Le gouvernement de coalition, composé de 36 membres, de la présidente Dilma
Rousseff ne comprend qu'une ministre noire, Luiza Helena de Bairros, chargée
du... secrétariat pour la promotion de l'égalité raciale. Elle est la digne
héritière du footballeur Pelé, premier homme de couleur à avoir exercé un poste
de ministre - des sports, en 1994. Singulière parabole de cette expression
brésilienne, "le Noir doit savoir où est sa place". Tous les chiffres
et indicateurs vont donc dans le même sens et ils contredisent ce que ressent
le visiteur de passage. "Le racisme au Brésil est caché, subtil, non avoué
dans son expression, masqué et sous-estimé par les médias, souligne Joaquim
Barbosa, premier juge noir à siéger à la Cour suprême de Brasilia. Il n'en
demeure pas moins extrêmement violent." Lui-même, nommé en 2003 par le
Lula et pourtant devenu l'une des personnalités publiques les plus connues, dit
s'être vu remettre, à deux reprises, une paire de clés de voiture par des
hommes blancs au moment de franchir la porte d'un restaurant chic de Rio. Un
Noir ? Il ne pouvait être que voiturier. "Et pourtant, ajoute-t-il, les
choses se modifient, lentement, une prise de conscience prend forme."
En avril, les dix juges de la Cour suprême ont fait sensation en prenant
position pour la discrimination positive dans l'enseignement supérieur. A
l'unanimité, les hauts magistrats décidaient que les quotas raciaux à
l'université étaient constitutionnels et corrigeaient "la dette sociale de
l'esclavage". Des dizaines de spécialistes avaient été auditionnés et le
jugement a été retransmis en direct à la télé.
Quatre mois plus tard, le 7 août, le Sénat vote une loi obligeant les
institutions fédérales de l'enseignement supérieur à réserver 50 % de leurs
places à des élèves provenant de lycées publics. Le texte vient d'être paraphé
dans son intégralité par la présidente Dilma Rousseff. Les universités ont
jusqu'à 2015 pour s'y conformer. Dans la pratique, la loi impose une
combinaison sociale et raciale, un mixte astucieux prenant en compte les
particularités locales. Elle réserve près de 25 % du total des places des
universités fédérales aux étudiants dont le revenu familial est égal ou
inférieur à 1,5 fois le salaire minimum (933 reais, 360 euros environ). Le
quart restant étant alloué aux étudiants en fonction de l'autodéclaration de la
couleur de peau. A charge pour les universités de faire en sorte que les
proportions de Noirs, Métis et Indiens soient - au minimum - égales aux
proportions de la répartition raciale de l'Etat dans lequel elles se trouvent.
Selon les calculs du quotidien O Globo, la loi entraînera une augmentation
de 128 % du nombre de places destinées à la discrimination positive dans les
universités fédérales de Rio. Les quatre universités concernées réservent
actuellement 5 416 places aux quotas sociaux. Avec la nouvelle mesure, ces
places passeraient à 12 351. Il n'en fallait pas plus pour que les adversaires
des quotas dénoncent la "racialisation" du Brésil par
l'"ethnicisation" du social. Surtout, le débat semble avoir mis à mal
le mythe de la démocratie métisse, selon laquelle on ne se définit pas par la
couleur de peau.
LE LONG DÉNI DE L'AFRO-BRÉSILIANITÉ
"Le pays le plus raciste du monde ", comme l'avait vilipendé un
jour, au début des années 1980, en pleine dictature militaire, le sociologue Alberto
Guerreiro Ramos (1915-1982), serait-il en proie à une mutation profonde ? C'est
le sentiment de la grande majorité des experts rencontrés. "Ces quotas
sont la seule alternative aux mécanismes d'occultation et d'exclusion sociale
mis en place depuis la fin de l'esclavage ", souligne Spiritos Santos,
auteur d'un blog vivifiant sur la question raciale et professeur de musique
afro-brésilienne à l'université d'Etat de Rio. Pour le frère franciscain David
Raimundo dos Santos, "cette nouvelle phase est une révolution pour le
Brésil". Responsable d'Educafro, une ONG qui lutte pour faciliter l'accès
des Noirs à l'éducation, il dit être convaincu que le Noir est passé au fil des
années "d'esclave du maître à esclave du système". Il ajoute : "Le
Brésil se réveille en pouvant annoncer qu'il a une méthode d'intégration."
Un réveil après une longue nuit tourmentée, celle d'"un long déni de
l'afro-brésilianité ", écrit Richard Marin, professeur d'histoire et
spécialiste reconnu du Brésil.
Dès l'indépendance du Brésil en 1822, les élites n'ont eu de cesse de
renier la matrice africaine. "Soucieuses de glorifier un passé ne devant
rien aux Portugais, ces élites exalteront dans un premier temps l'Indien, le
maître originel de la terre, ce qui est sans danger pour l'ordre esclavagiste
", explique Richard Marin. Le Noir est marginalisé, comme rayé de la
carte. Même l'écrivain abolitionniste Ruy Barbosa de Oliveira (1849-1923)
autorisa en 1890, en tant que ministre des finances, la destruction de la
majeure partie des archives du gouvernement liées à l'esclavage. Une manière de
refouler une marque honteuse et d'éviter toute forme de compensation, explique
Vik Birkbeck, cinéaste britannique installée à Rio et cofondatrice d'un
abondant fonds d'archives vidéo sur la culture noire.
L'esclavage aboli, les anciens captifs sont livrés à eux-mêmes. Alors
qu'aux Etats-Unis, le président Lincoln ouvre 4 000 écoles pour les esclaves,
le Brésil n'en crée aucune. "Sans terre, sans éducation, coupé de toute
structure sociale, le Noir libre fut condamné à la misère, souligne Alain
Rouquié dans Le Brésil au XXIe siècle. L'abolition tant attendue enracina
l'inégalité."
Jusqu'à la crise de 1929, le boom caféier attire 4 millions d'immigrants
d'Europe, peu soucieux du passé colonial et des racines de leur nouvelle
patrie. Ceux-ci affichent avec fierté leur identité quand partout triomphe la
"supériorité de l'homme blanc". Une propagande immigrationniste
venant du Vieux Continent s'installe, avec pour but de "blanchir" le
Brésil, limpar o sangue ("nettoyer le sang"), comme on dit en
portugais, au motif que cette jeune et désormais riche nation ne pouvait se
faire avec une population majoritairement noire. L'arrivée massive d'Européens
produirait naturellement une population à la peau plus claire. A Rio, en 1911,
le Congrès international des races annonce le "blanchiment" du Brésil
d'ici un siècle...
C'est avec le "modernisme" brésilien des années 1920, qui rejette
avec force la servilité à l'égard de l'académisme européen, et aussi avec les
romans de Mario de Andrade, qui évoquent le passage de la culture blanche à la
culture noire, que la mémoire métisse se met en place. Mais il faudra attendre
les travaux de Gilberto Freyre, et d'abord Casa Grande e Senzala (Maîtres et
esclaves), en 1933, pour que s'ouvre une perspective qui exalte le métissage
comme une "sublime spécificité" brésilienne. Si le sociologue de
Recife développe une version magnifiée du colonialisme portugais et du passé
esclavagiste, patriarcal et doux, il a l'immense mérite de n'établir aucune
hiérarchie entre les "trois races" fondatrices (Africains, Indiens et
Portugais).
Définie en contrepoint du modèle ségrégationniste nord-américain, cette
notion connut un succès rapide au Brésil, où elle contribua à légitimer le
régime autoritaire de l'Estado novo (1937-1945). Moitié blanche, moitié noire,
Nossa Senhora da Conceiçao Aparecida devient la sainte patronne du pays. Plat
des esclaves, la feijoada (riz blanc et haricots noirs ou marron) s'impose
comme plat national. Autrefois musique de "nègre", la samba devient
le son typique brésilien. "Au moins jusqu'à la fin des années 1970, c'est
à travers ce stéréotype (du métissage biologique et culturel) que le pays se
donne à voir à l'extérieur, poursuit Richard Marin. Et pourtant, il y a loin du
mythe de la "démocratie raciale" à la réalité de la condition de
nombreux Afro-Brésiliens, victimes du racisme - la plupart des Brésiliens
préfèrent l'euphémisme "préjugé racial"."
Masqué par l'absence de ségrégation juridique et la chaleur des rapports
sociaux, ce "racisme cordial" est nié par le tabou national. Les
Brésiliens considèrent qu'ils n'ont pas de préjugé de race, sinon "celui
de ne pas en avoir ", selon l'expression du sociologue Florestan
Fernandes. Une enquête conduite dans les années 1980 par l'anthropologue Lilia
Moritz Schwarcz donne la mesure de ce refoulement. Si 97 % des personnes
répondirent n'avoir aucun préjugé racial, 98 % avouèrent connaître des
personnes racistes. Non sans humour, l'anthropologue en conclut : "Tout
Brésilien se perçoit comme une île de "démocratie raciale" encerclée
par des racistes."
136 CATÉGORIES DE COLORATION
Une enquête de l'Institut national de statistiques, en 1976, dit très bien
le rapport complexe des Brésiliens avec la couleur de peau. Elle demandait à
chaque destinataire du questionnaire d'indiquer quelle peau il avait. Le succès
fut immédiat, et provoqua un étonnant casse-tête. Les Brésiliens se
reconnaissaient dans rien de moins que 136 catégories de coloration allant du
blanc au noir.
Pour la couleur blanche, les ménages se sont décrits selon une douzaine de
taxinomies, de "bem branca" ("bien blanche") à "branca
suja" ("blanc sale"), en passant par "branca queimada"
("blanc brûlé"), "branca avermelahada" ("blanc
rougi") ou "branquiça" ("blanc essentiel"). La peau
jaune révèle quatre entrées. Trois pour la peau rose. Certaines peaux sont
"roxas" ("violettes"), "verdes"
("vertes"), "palidas" ("pâles"),
"trigos" ("blés") ou "morenas bem chegadam"
("brunes bien arrivées"). Pour désigner une peau noire ou métisse,
les nuances sont quasi infinies : "cor de cafe" ("couleur de
café"), "tostada" ("grillée"), "bugrezinha"
("un peu bien foncée"), "meio preta" ("moitié
noire"), "parda escura" ("gris sombre"),
"queimada de praia" ("brûlé de plage"), Comme si l'identité
raciale était un attribut social passager et relatif, "un objet de
négociation", selon Lilia Moritz Schwarcz.
Et pourtant. Il fallut attendre 1986 pour assister à l'élection -
tumultueuse et controversée - d'une Miss Brésil noire. Attendre encore la
nouvelle Constitution brésilienne de 1988, trois ans après la chute de la
dictature, pour inscrire le racisme comme un "crime imprescriptible".
Et attendre la loi du 9 janvier 2003, soutenue par le président Lula, pour que
l'enseignement de l'histoire et de la culture afro-brésilienne soit obligatoire
à l'école primaire et secondaire.
Malmené par le régime militaire, le mouvement noir, ultraminoritaire,
trouve de solides relais dans l'opinion progressiste dès les premières heures
du Brésil démocratique. Il fait pression pour remplacer le 13 mai, jour
anniversaire de l'abolition de l'esclavage, par le 20 novembre, la Journée de
la conscience nègre qui commémore la mort du légendaire Zumbi Dos Palmares,
leader noir insurgé du Nordeste au XVIIe siècle. Il milite pour l'adoption de
mesures de discrimination positive sur le mode de l'affirmative action des
années 1960 aux Etats-Unis.
QUOTAS RACIAUX
Le débat sur les quotas raciaux apparaît sous le président Fernando
Henrique Cardoso (1995-2002). Sensible à la question noire pour avoir consacré
sa thèse de sociologie à l'esclavage, il instaure des groupes de travail où
l'on évoque les actions publiques de valorisation des populations noires et
l'obligation de mentionner la couleur de peau dans les documents officiels. En
2002, l'université d'Etat de Bahia s'ouvre aux quotas raciaux, suivie au
compte-gouttes par une soixantaine d'établissements.
Avec Lula, l'objectif explicite d'une politique de quotas raciaux
"vise à "réparer", observe Richard Marin, à compenser les
discriminations sociales dont les Noirs sont l'objet, ce que peu de Brésiliens
contestent". C'est cette voie que la Cour suprême a voulu suivre après une
dizaine d'années de débats et de tâtonnements. Et que le Sénat vient de baliser
en croisant prudemment les critères sociaux et de couleur de peau.
Les rues du Valongo viennent d'être pavées et rouvertes à la circulation.
Des façades de maisons ont été restaurées. Le jardin suspendu du vieux quartier
Morro da Conceicao, situé en face du port, a été réhabilité. Tout est calme. Ce
soir passe à la télé le premier épisode d'une telenovela, Lado a lado,
"côte à côte" en français. L'histoire est consacrée à la vie des
Noirs après l'abolition de l'esclavage. "C'est une période riche et encore
peu explorée ", a commenté l'acteur principal, Lazaro Ramos. Il a souri,
dit-on.
Illustrations: Haiti Connexion Network
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