Haiti Élections 2015: les 2 sondages qui voient les choses différemment
A l'approche des votes pour la présidence et les
législatives le 25 octobre prochain, il se trouve que deux sondages émanés de
source différente continuent à faire parler d'eux vu que leurs résultats
diffèrent quant aux intentions de vote pour les présidentielles.
Déjà les candidats ou leurs supporters commencent à "crier foul" chacun de
leur côté, estimant que ces sondages représentent en quelque sorte une arme
psychologique utilisée par des mains intéressées pour manipuler l'électorat haïtien.
D'ailleurs ce dernier en grande majorité ne croit pas aux sondages et si des
individus d'un échantillon de sondage répondent aux questions posées par les
'surveyors', rien ne dit que les réponses reflètent la vérité en Haiti, pays de
la méfiance, du marronnage, des croyances
traditionnelles qui bien des fois cohabitent avec le réalisme magique. Ces
jours de campagnes électorales, on peut voir à tout bout de champ ou tout
moment des candidats travaillant des foules de supporteurs et exhibant sur les
médias sociaux des vidéos en rapport avec ces bains de foule. Rien ne dit non
plus que ces foules ne soient pas les mêmes qui se "répètent" dans
une communauté donnée pour chacun des candidats vu que les gens en Haiti sont
très curieux et friands de tout ce qui est hors de l'ordinaire dans leur train
de vie généralement morne et vide de divertissements divers.
D'où la relative méfiance attribuée à ces fameux sondages.
Entretemps, deux compagnies, l'une en Haiti et l'autre à
Miami, Floride, ont publié leurs résultats sur les intentions de vote pour les
présidentielles du 25 octobre prochain: BRIDES ou Bureau de Recherche en Informatique et en DéveloppementEconomique et Social, et ICR, sigle pourIntegrated Communications and Research. D'autres firmes peu connues ont aussi
publié leurs résultats quant à ces prochaines présidentielles, ce qui augmente
la confusion dans les esprits. Ce qui donne une porte de sortie aux candidats
pour réfuter les résultats. Daly Valet, proche de la campagne du sénateur
Jean-Charles Moise, de dire, selon le Miami Herald, que des sondages sont des
trucs magiques émanant de gens peu intelligents mais politiquement intentionnés. Quant au porte-parole de la campagne de Jude
Célestin, Gérald Germain, il semble attribuer peu de valeur à la place occupée
par son poulain, disant qu'il ne prend pas position pour ou contre les
sondages. Un autre candidat, Jean-Henry Céant, qui vient assez bas dans ces
sondages, avait averti catégoriquement ses supporteurs sur son compte Twitter de ne pas se fier à toutes
sortes de sondages, et a reconnu toutefois comme bon celui de Valery Numa:
« Jean-Henry Ceant @jeanhenryceant Sep 23
Men rezilta kè nou, men rezilta bon sondaj la:
#JeanHenryCeant Prezidan 2016 #20 pou 25 oktob 2015 lan
Jean-Henry Ceant @jeanhenryceant Sep 23
Rezilta sondage #ValeryNuma sou #Vision2000 jodi a mete
#JeanHenryCeant Prezidan 2016
Pataje ak zanmi nou »
Antonia Sola, un stratège politique pour Jovenel Moise,
l'homme du président Martelly, a laissé entendre par contre que les sondages sont nécessaires à l'élaboration
d'une stratégie de campagne pour le candidat. Il a avoué que les résultats de ses propres
sondages ressemblent à ceux d’IRC, soit Jovenel Moise avec 20,5 pour cent des intentions de vote et Jude
Célestin ayant 12,8 pour cent.
Le sondage d’IRC a
été conduit par téléphone, questionnant 1.362 individus, ce qui laisse supposer
que les individus des échantillons interviewés vivent dans les zones urbaines
peuplées alors que les élections sont censées se faire dans tous les coins reculés
du pays.
Les résultats de BRIDES qui a conduit l'enquête de personne
en personne via 12.263 individus: Selon Brides, Jude Célestin est en tête avec
31,3 % et Jovenel Moise 12,9 % et place Moise Jean-Charles en troisième position
avec 10,7% tout comme IRC- 8,7%.
Compliquant les prédictions ou prévisions est le fait que
dans le récent sondage de BRIDES, 32,34 pour cent des personnes interrogées
avouent ne pas savoir pour quel candidat voter. De plus, personne ne sait
encore combien de votants seront dans les rues pour aller jeter leurs bulletins
dans les urnes. On se rappelle que pour les élections de 2010, à peine 18% de
l'électorat y avaient participé. Et pour l'élection d'Aristide en décembre
1990, les observateurs étaient surpris de voir ce raz-de -marée de votants dans
les rues!
Les sondages sont en effet des "trucs" aux mains
de gens non identifiés--en ce qui concerne l'une des entités sus-citées-- cherchant à manipuler l'opinion publique.
Les sondages constituent probablement un moyen non
négligeable dont disposent les individus pour connaître la teneur et les
changements de l’opinion publique, surtout dans les pays avancés. Ils sont
toutefois une arme à double tranchant et dans le contexte dont nous parlons ici
"le pouvoir de décision des responsables médiatiques n’est souvent ni
négligeable, ni innocent, dans la mesure où la sélection et l’interprétation
des sondages peuvent procéder de certaines tentatives délibérées de
désinformation" Certains de ces "désinformateurs" peuvent même aller plus loin pour tout chambarder en faisant comprendre aux gens que mon "poulain" était en tête selon les sondages et que par conséquent ils ne devaient accepter rien d'autre.
Carl Gilbert, pour Haiti Connexion Network
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