3 mai 2013, journée mondiale de la liberté de la presse.... Mais quelle presse ? Pour quelle information ? Déclaration de l’Union des clubs de la presse de France et francophone (UCP2F) en date du 30 avril 2013 Document repris par AlterPresse

Déréliction accélérée. Précarité mais aussi précarisation entérinée et acceptée. Contextes d’exercice de plus en plus flous qui se décalent. Accentuation de la confusion information-communication au profit d’un no man’s land qui entremêle tout, polluant les deux métiers. Projets sur base de grosses usines marketing et sous couvert de vitrine « information ». L’UCP2F lance un appel à la qualité de l’information.

L’information est-elle une marchandise à produire au moindre coût pour être rentable ? Le paquet (dire packaging) est-il plus important que ce qu’il contient ? Le tuyau prime-t-il sur ce qu’on y met ? La concentration des médias progresse adossée à une grande lessive menée conjointement par les patrons de presse et certaines instances. Probablement utile, mais l’objectif est-il l’information de qualité ? Que deviennent liberté et diversité dans un milieu où l’information est une marchandise, un produit comme un autre qui n’assure plus dans de nombreux médias que le quota de rédactionnel nécessaire à la pub. Sous couvert de crise et d’austérité, on réduit le temps, les moyens et donc la qualité de l’information. A la frange, se développe une presse sans journalistes qui avance sous alibi d’information et sur lit de communication. Le sentiment de duperie croît dans le public, comme la duperie qui y préside. Il y a place pour tout, à la condition de dire clairement les choses.

L’UCP2F, témoin de la précarisation et du trouble qui règne chez les journalistes de terrain, souhaite cartographier clairement ces "évolutions", la place de l’information, la place des journalistes…

3 mai 2013, journée mondiale de la liberté de la presse.... Mais quelle presse ? Pour quelle information ?

Quelle information voulons-nous ? Quelle information défendons-nous ?

Celle produite par des journalistes coincés entre le service marketing du média et celui des annonceurs ?

Celle des usines à données "merchandisables" qui se dotent d’une vitrine info – alibi ?

Celle de journalistes priés de courir après l’info en continu, sans recul, voire sans le temps de la vérification, et forcément à contre-emploi ?

Celle de groupes de presse aux impératifs "business" qui imposent marketing, concentration, monopolisation, rationalisation, productivisme, "commandes" au mépris des conflits d’intérêts ?

Celle des plateformes externalisées sans aucun contact avec le terrain ?

Tous les signaux indiquent que la confusion entre information et communication est en passe de devenir la règle, particulièrement dans les territoires - pressions diverses et conventions de partenariat ou "d’objectifs" n’ayant qu’une cible : assurer la communication.

Notre appel est celui de la Liberté des journalistes, de la nécessité de veiller à des contextes d’exercice sains, de l’impérative obligation d’éclairer nos publics et donc de nous donner les moyens de le faire au lieu de nous contraindre...

Notre appel est celui des moyens d’une information de qualité pour des citoyens informés. L’acceptation collective nourrit les abandons individuels.

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Auteur:Gladimy Ibraïme (Source: Le Nouvelliste)

l'occasion de la 20e célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, la Plate-forme des organisations haïtiennes des droits humains (POHDH) relève les entraves à l'évolution des acquis de 1986 et fait des recommandations.

L'absence de cadre légal qui garantisse le fonctionnement du métier de journaliste, des radios communautaires, ainsi que les mauvaises conditions de travail des journalistes, constituent les principales entraves à la jouissance des libertés d'expression, d'opinion et de la presse, selon la POHDH. Lesquelles libertés ont été acquises au prix de grandes luttes après la chute de la dictature des Duvalier en 1986.

« S'il est vrai que la Constitution de 1987 garantit la liberté de la presse, il n'existe aucun cadre légal protégeant les journalistes haïtiens dans l'exercice de leurs fonctions », écrit l'organisme de droits humains dans une note signée par son secrétaire exécutif, Antonal Mortimé. La POHDH s'appuie sur des altercations entre des journalistes et certaines autorités ou simples agents de l'ordre, dont l'arrestation, le 3 septembre 2012, de trois journalistes du quotidien Le Nouvelliste sur ordre du juge de paix de Delmas, Arnel Dimanche, et l'expulsion, le 10 février 2013, de plusieurs médias de la capitale du bal des reines au Palais Sans Souci.

« En dehors de ces traitements humiliants et dévalorisants, les journalistes font, au quotidien, face à des difficultés énormes quand ils doivent infirmer ou confirmer certaines rumeurs qui circulent autour de l'administration Martelly/Lamothe », poursuit la note. Mis à part les difficultés d'ordre conjoncturel auxquelles sont confrontés les journalistes haïtiens, la POHDH estime que le métier de journaliste n'est pas apprécié à sa juste valeur.

« La majorité des journalistes haïtiens ont un salaire de misère qui ne peut pas répondre à leurs besoins et à ceux de leurs familles. Ils n'ont pas d'avantages sociaux comme : assurance vie et maladie. » C'est ce qui explique, d'après la POHDH, le fait qu'il y ait si peu de journalistes militants et de carrière en Haïti. Ils ont toujours tendance à chercher d'autres opportunités pouvant assurer leur avenir. « La plupart de ceux qui exercent le métier, envers et contre tout, le font comme un sacerdoce. Par contre, certains sont cibles faciles pour la corruption à cause de leurs mauvaises conditions de travail », regrette-t-elle. La POHDH déplore la fermeture, par le Conseil national des Télécommunications (CONATEL), de certaines radios communautaires telles que la radio Voix Claudy Museau, aux Cayes, le 9 novembre 2012; la radio Paillant Inter, dans les Nippes, le 29 août 2012, sous prétexte qu'elles ne détiennent pas une licence. «Pourtant, le CONATEL n'a donné aucune suite aux différentes demandes de la Société d'animation et de communication sociale (SAKS) pour le permis de fonctionnement des radios communautaires en attendant le vote d'un projet de loi par la 49e législature. En outre, la note souligne que dix autres médias locaux ont connu le même sort, alors qu'aucune suite administrative n'a été donnée à leur demande de licence.

En ce sens, la POHDH appelle le gouvernement haïtien à respecter le droit à l'information et à permettre aux médias de fonctionner en toute quiétude. Elle convie le CONATEL à donner une suite favorable aux demandes de permis de fonctionnement des radios communautaires et aux demandes de licence de certains médias locaux afin qu'ils puissent fonctionner sans crainte d'être fermés arbitrairement. Elle invite également la 49e législature à voter le projet de loi visant à régulariser le fonctionnement des radios communautaires; et à créer un cadre légal garantissant le fonctionnement du métier de journaliste.

En outre, l'organisme des droits humains recommande aux patrons des médias de prendre des mesures appropriées afin d'améliorer les conditions de travail des journalistes.

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