Une semaine après l'ouragan Matthew, le peuple d'Haïti se sent livré à lui-même

Source Radio Canada

Dans la péninsule sud-ouest d'Haïti, frappée de plein fouet par l'ouragan Matthew la semaine passée, les résidents déblaient des routes et commencent à rebâtir des maisons. Ils prennent les choses en main, car dans des régions éloignées comme la leur, l'aide internationale se fait attendre.


RADIO-CANADA AVEC NEW YORK TIMES, ASSOCIATED PRESS, AGENCE FRANCE-PRESSE ET CBC

(Annonce indépendante)


Un charpentier de la petite ville de Moron, Israël Banissa, raconte qu'une équipe d'évaluateurs de la Croix-Rouge s'est arrêtée près de sa localité pour poser des questions aux habitants. Mais l'équipe est repartie sans laisser de denrées.
Haïti terminait mardi un deuil de trois jours, décrété par la présidence de la République dans la foulée de l'ouragan qui, selon un bilan provisoire de la protection civile, a fait au moins 473 morts. D'autres estimations font état d'au moins 1000 morts.
On dénombre jusqu'ici 75 personnes disparues et plus de 330 blessés.
De plus, l'ouragan Matthew, qui atteignait la catégorie 4 au moment de son passage en Haïti, y a fait plus de 175 000 sinistrés.
La menace du choléra
La situation est telle qu'à Genève les Nations unies réclament 120 millions de dollars américains pour subvenir pendant trois mois aux besoins urgents de ce pays de 10,5 millions d'habitants.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a par ailleurs annoncé, mardi, l'envoi de 1 million de doses de vaccin contre le choléra en Haïti, où le nombre de cas est en augmentation depuis le passage dévastateur de l'ouragan Matthew.
L'aide canadienne atteint 4,5 millions de dollars
Au Canada, jusqu'ici, 4,58 millions de dollars ont été versés à différents partenaires sur le terrain, selon la ministre du Développement international et députée de Compton-Stanstead, Marie-Claude Bibeau.
« On a vraiment des gens qui sont sur le terrain pour évaluer et valider que l'aide se rend là où elle doit se rendre », affirme la ministre Bibeau.
Celle-ci tente aussi de calmer les appréhensions des Canadiens qui craignent que la confusion ne s'installe en Haïti, comme cela avait été le cas après le séisme de 2010. Elle explique qu'après une catastrophe on envoie en premier lieu « de l'eau, de la nourriture, des vaccins, des médicaments, des abris ».
Étant donné que les premiers envois d'aide sont constitués de denrées périssables, « certaines personnes peuvent avoir l'impression que ça, c'est perdu », explique Marie-Claude Bibeau. Mais, au contraire, il s'agit d'interventions de survie, poursuit-elle en substance.
Les opérations de reconstruction et de développement sont effectuées par la suite.
Fiable, la Croix-Rouge?
Aux États-Unis, la Croix-Rouge est aux prises avec une polémique entourant les efforts qu'elle a déployés en Haïti, après le tremblement de terre de 2010.
Dans une lettre ouverte envoyée au New York Times en juin dernier, la présidence de la Croix-Rouge américaine a démenti que le quart des 488 millions donnés pour Haïti avait, en fait, servi à administrer la Croix-Rouge elle-même, et ses opérations de collecte de fonds.
« Seulement 9 % sont allés à l'administration et aux dépenses liées à la collecte de fonds », a écrit Gail McGovern, de la Croix-Rouge américaine.
À Montréal, la directrice de la Maison d'Haïti, Marjorie Villefranche, affirme qu'il faut faire une différence entre la Croix-Rouge canadienne et celle établie aux États-Unis.
« Moi, j'ai confiance en la Croix-Rouge canadienne parce que ce sont eux qui sont capables de faire le travail », affirme-t-elle.
De trop petites maisons, mais pas de malversations
Mme Villefranche dit avoir vu le travail de la Croix-Rouge canadienne en Haïti à la suite du tremblement de terre de 2010. « On n'est peut-être pas ravis des petites maisons qu'ils ont construites, parce que les gens les trouvent très petites et tout, mais je pense qu'il n'y a pas eu de malversations », dit-elle.
De nombreux Haïtiens de Montréal choisissent d'envoyer de l'argent directement à leur famille, sans passer par les organisations comme la Croix-Rouge, affirme Mme Villefranche.
C'est le cas de Pierre-Louis Dieubon, chauffeur de taxi montréalais. Cet Haïtien d'origine a envoyé cette semaine 2000 $ américains à ses frères, qui ont vu leur maison détruite. « Le gouvernement ne peut rien faire pour eux parce qu'il ne peut aller à cet endroit-là », décrit M. Dieubon.
Et, pour l'ensemble des Canadiens qui souhaitent envoyer de l'aide financière en Haïti, Marjorie Villefranche recommande de passer par des organisations comme la Croix-Rouge canadienne ou Médecins du monde.

Avec les informations de Neil Herland, de CBC
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NDLR: Diverses organisations caritatives étrangères, comme la Croix Rouge Américaine, ont été dénoncées par les médias indépendants du fait qu'elles ont profité des catastrophes naturelles pour détourner  les sommes destinées aux besoins des victimes haitiennes. Ce qui avait poussé en ce sens le congrès américain à publier un rapport très critique au sujet de la Croix Rouge américaine.
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