Haïti : Nettoyer l’escalier par le haut
Click on the dropdown button to translate.
Translate this page:
Par Dr Carl Gilbert
Denis Mukwege — « La lutte contre la corruption, c’est comme nettoyer un escalier : on commence par le haut »
Haïti : Nettoyer l’escalier par le haut
Depuis quarante ans, Haïti traverse une série de crises politiques, économiques et sociales qui ont profondément marqué son tissu national. De la chute de Jean-Claude Duvalier en 1986 à l’instabilité chronique des gouvernements successifs, le pays peine à construire une démocratie stable et à garantir les droits fondamentaux de ses citoyens. La corruption, enracinée dans les institutions, freine le développement et alimente la méfiance populaire.
La célèbre citation de Denis Mukwege — « La lutte contre la corruption, c’est comme nettoyer un escalier : on commence par le haut » — résonne avec une acuité particulière dans le contexte haïtien. Elle rappelle que le changement durable ne peut venir que d’une volonté politique sincère, incarnée par des dirigeants exemplaires. Or, depuis des décennies, les élites haïtiennes ont souvent été accusées de détournements, de clientélisme et de négligence envers les besoins du peuple.
Les conséquences sont visibles : infrastructures délabrées, services publics défaillants, insécurité croissante et exode massif des jeunes talents. Pourtant, la société civile haïtienne ne cesse de se mobiliser. Des journalistes, des avocats, des artistes et des militants dénoncent les abus et réclament transparence et justice. Parmi eux, Me Hans Jacques Ludwig Joseph, directeur de l’ULCC, mène une traque active contre les fonds publics détournés. Édouard Paultre, porte-parole de Ensemble Contre la Corruption, appelle à la démission des conseillers présidentiels mis en cause pour préserver l’intégrité institutionnelle. Youvens Phanor, chercheur à l’ISTEAH, souligne l’absence de volonté politique comme principal obstacle à la réforme. Et Dr Carl Gilbert, médecin et intellectuel engagé, rappelle que « la corruption est un cancer qui ronge les fondements de notre société et compromet l’avenir de nos enfants ».
Aujourd’hui, alors que le pays fait face à une recrudescence de violence et à une crise institutionnelle sans précédent, la résurgence du cholera, cette métaphore devient un appel à l’action. Nettoyer l’escalier par le haut, c’est exiger des réformes, des audits, et une refondation morale de l’État. C’est aussi reconnaître que sans exemplarité au sommet, les marches du bas resteront souillées.
Aucune force étrangère ne peut extirper ce viscéral qui semble couler dans les veines de l’État, empoisonnant chaque décision. Les gens à cravate doivent le comprendre autant que les individus à sapate. Voler l’État, c’est comme voler son voisin ou un autre membre de la famille qui sont tous deux des contribuables. Personne — et partout dans le monde — ne vous donne ce droit.
Haïti mérite mieux. Et ce mieux commence par le haut.
Commentaires