Pasteur Moïse Joseph : victime d’un complot dominicain ou suspect légitime dans l’affaire Albert Joseph?

L’art suprême de la guerre consiste à soumettre l'ennemi sans combattre.
Sun Tzu, L'Art de la Guerre

Depuis l’arrestation du pasteur Moïse Joseph, propriétaire de l’usine de riz KPK à Ouanaminthe, les spéculations vont bon train. Est-il victime d’un complot orchestré par des intérêts dominicains hostiles à l’essor d’une industrie rizicole haïtienne autonome ? Ou bien son interpellation est-elle fondée sur des faits graves liés à l’assassinat de l’avocat Albert Joseph ?

Les faits connus

  • Le 24 septembre 2025, Me Albert Joseph, avocat membre du barreau de Fort-Liberté, est abattu par deux individus à moto sur la rue Espagnole à Ouanaminthe.

  • Le 25 septembre, le pasteur Moïse Joseph est arrêté à son domicile. Une perquisition est menée dans son usine de riz située à Rivière Canari.

  • Un accident impliquant un véhicule de l’usine KPK aurait causé la mort de trois personnes. Me Albert Joseph, bien qu’il ne représentait pas les familles des victimes, avait engagé une procédure de sommation contre le pasteur.

  • Des tensions verbales entre les deux hommes avaient été signalées.

Une usine de riz haïtienne dans une zone frontalière

L’usine KPK représente une initiative agro-industrielle haïtienne dans une région historiquement dépendante du riz importé, notamment de la République dominicaine. Certains observateurs affirment que des intérêts commerciaux dominicains pourraient voir d’un mauvais œil l’émergence d’une filière rizicole haïtienne autonome.

Un contexte économique dominicain en pleine expansion

L’arrestation du pasteur survient alors que la République dominicaine affiche une croissance prévue de 5 % pour 2026, selon Listín Diario du 20 octobre 2025. Cette dynamique s’inscrit dans une stratégie d’expansion régionale, où le contrôle des flux commerciaux à la frontière haïtienne devient un enjeu géopolitique majeur.

Soupçons transfrontaliers et mémoire collective

Toutes ces craintes surviennent alors que le peuple haïtien questionne encore le rôle de la République dominicaine dans l’assassinat du président Jovenel Moïse. Plusieurs individus actuellement détenus en Haïti dans le cadre de cette affaire avaient transité par la RD avant le meurtre, ce qui alimente une méfiance persistante.

Des cargaisons de munitions en provenance de la RD

Le 4 mars 2025, les autorités dominicaines ont intercepté une importante cargaison d’armes et de munitions au port de Haina, à Saint-Domingue, destinée à Haïti. Parmi les éléments saisis :

  • 36 000 cartouches de différents calibres

  • 23 armes à feu (fusils de guerre, pistolets Glock, mitraillette Uzi, silencieux)

  • Plusieurs chargeurs et accessoires militaires

Ces faits renforcent les soupçons d’un trafic transfrontalier d’armes, où la République dominicaine sert de point de transit pour des cargaisons destinées aux gangs en Haïti.

Justice ou instrumentalisation ?

Deux scénarios s’opposent :

  • Si le pasteur est impliqué dans l’assassinat de Me Albert Joseph, la justice doit suivre son cours.

  • Si l’affaire est utilisée pour saboter une initiative agricole haïtienne, cela constituerait une atteinte grave à la souveraineté économique du pays.

Conclusion provisoire

Aucun élément ne permet de conclure avec certitude à un complot dominicain, mais le contexte géopolitique invite à la vigilance. L’affaire Moïse Joseph doit être suivie de près pour garantir la justice et protéger les initiatives haïtiennes qui cherchent à briser la dépendance alimentaire.

Nou se Koalisyon 2025 appelle à une enquête transparente, à la protection des entreprises locales, et à une mobilisation citoyenne contre toute forme de manipulation judiciaire ou économique.


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