Aujourd’hui, Haïti fait face à une crise sécuritaire sans précédent : les gangs contrôlent 85 % de Port-au-Prince, forçant plus d’un million de déplacés . La PNH, sous-financée et sous-équipée, est dépassée par ces groupes armés, souvent mieux armés grâce à des trafics illicites impliquant des oligarques. Des observateurs, comme des journalistes haïtiens, dénoncent une police corrompue, servant de “serviteurs d’une oligarchie corrompue”, où les interventions sélectives protègent les intérêts des élites plutôt que la population. Par exemple, des actions policières intenses ne surgissent souvent que lorsque des oligarques sont menacés, comme lors de récents et apparents conflits rendus publics entre gangs et des figures économiques, tels que celui qui évolue actuellement entre Joseph Wilson alias Lanmo100jou et l'industriel André Apaid . Cet Apaid, rappelons-le pour l'histoire, était en 2004 le chef de l'opposition qui avait renversé le président Aristide en se servant de l'ancien militaire Guy Philippe, avec l'assentiment des États-Unis.(Note*: NDLR)
Pourtant, certains éléments positifs émergent : des figures comme le commissaire Muscadin (lui-même controversé) sont vues comme des protecteurs locaux, craints par les gangs et respectés par la population du Sud. La PNH collabore aussi avec des forces internationales, comme la mission kenyane soutenue par l’ONU, pour rétablir l’ordre. Cependant, ces efforts sont entravés par l’ingérence étrangère, notamment américaine, accusée de perpétuer le chaos pour des intérêts géopolitiques et économiques.
En somme, bien que la police tente de lutter contre la violence, son efficacité est sapée par la corruption systémique et ses liens visibles et invisibles avec une oligarchie mercenaire qui priorise ses profits sur le bien-être collectif, allant même jusqu'à instiguer l'assassinat du président élu Jovenel Moise.
Haïti, classée parmi les pays les plus corrompus de l’hémisphère occidental, a besoin d’une réforme profonde pour que la PNH devienne véritablement gardienne du peuple. Sans cela, elle reste un outil de domination, exacerbant un “génocide silencieux” orchestré par des puissances internes et externes. Ce qui donne alors de la crédence et même un degré de sympathie pour les gangs parmi des secteurs à l'intérieur du pays et dans la diaspora surtout dans l'aile progressiste.
RHC/HCN
NOTE : Contexte du coup d’État de 2004 • Date clé : 29 février 2004, Aristide est contraint de quitter Haïti. • Insurrection armée : Un groupe rebelle mené par Guy Philippe et Jodel Chamblain s’est emparé de plusieurs villes, dont Gonaïves et Cap-Haïtien, tuant des policiers, avant de menacer Port-au-Prince. • Pression internationale : Les États-Unis, la France et le Canada ont poussé Aristide à démissionner, certains témoins affirmant qu’il a été « kidnappé » par les forces américaines, ce que Washington a nié.
